Le titre Wafa Assurance n'arrive pas à se trouver une tendance. Cette valeur «fétiche» des investisseurs affiche même une contre-performance annuelle de 11,11%. Détails... L'action Wafa Assurance n'a pas cessé de jouer au yo-yo ces derniers jours. Cette semaine, par exemple, le titre qui s'échangeait lundi à 4.654 DH a perdu le lendemain 8,55% de sa valeur, avant de regagner 5,38% pour se maintenir à 4.485 DH. Considérée comme une valeur défensive, l'action est censée être très peu corrélée à la conjoncture actuelle et du contexte de baisse qui sévit sur le marché. Or, elle affiche une contre-performance de 11,11% depuis le début de cette année. À la même période de l'année dernière, le titre affichait une performance annuelle de 5,81%. «Pourtant, rien n'explique ce comportement...Wafa Assurance a toujours été une des valeurs préférée des investisseurs», commente un professionnel de la place. Et ce, même si elle reste relativement chère par rapport au secteur (en moyenne 16,28 fois) mais aussi au marché (environ 20,6 fois). Le titre présente un PER qui ne cesse d'augmenter (21,16 x en 2017 contre 19,35 x en 2016 et 14.35 x en 2015), avec un dividend yield qui de son côté se réduit chaque année (2,42% en 2017 vs 2,85% en 2016 vs 4,89% en 2015). Pour chouchouter ses actionnaires, la compagnie a lâché un peu plus de lest au terme de l'exercice 2017 comparé à celui de l'année dernière. L'assureur avait adopté en effet, une politique de distribution de dividendes «prudente» avec un payout ne dépassant pas 50%. Une décision, selon plusieurs analystes, qui serait justifiée par la stratégie de développement à l'international ainsi que la mise à niveau des réglementations du secteur. Cette année, Wafa Assurance a maintenu son niveau de dividende à 120 DH, représentant un payout de 51,49%, et ce, malgré la baisse du résultat net. À fin 2017, les bénéfices de l'assureur sont ressortis, en effet, en repli de 2,6% à 819 MDH. En cause, l'activité non-vie qui a été affectée par le segment automobile. Celui-ci a subi les effets de la hausse de la fréquence des sinistres automobiles couplée à l'augmentation du coût de réassurance et à la réduction «volontaire» des plus-values réalisées. Cette hausse de la sinistralité s'est traduite par une hausse du ratio combiné de compagnie de 3,4 points à 101,3%. La Fédération marocaine des sociétés d'assurance et de réassurance (FMSAR) serait en train de finaliser l'étude dédiée à cette problématique qui affecte l'ensemble du secteur. Ceci étant, l'assureur est parvenu tout de même à maintenir sa position de leader sur le marché. Avec une prime émise totale (branche «vie» et «non-vie») de 38 MMDH, Wafa Assurance s'en est accaparé 20,7% du marché, soit presque la même part que l'année précédente (20,8%). Par branche d'activités, l'assurance «vie» -qui a généré près de 17 MMDH de primes émises-, a été drainée en grande partie par Wafa Assurance à hauteur de 26,1% (contre 28,3% en 2016). Du côté de la «non-vie», Wafa Assurance arrive en seconde position avec une part de 16,5% (contre 15,7% un an auparavant). Pour les prochains exercices, certains analystes pourraient revoir leurs perspectives à la baisse. Ils mettent en avant, le resserrement réglementaire relatif à la mise en place des normes de Solvency II. C'est un grand virage auquel se préparent tous les opérateurs du secteur. Bien que celui-ci soit sujet à d'autres chantiers tout aussi structurants -tels que la digitalisation ou encore le takaful-, c'est le passage vers les nouvelles normes Solvabilité basées sur les risques qui devront apporter des changements conséquents au niveau des ratios prudentiels. En effet, la mise en place du projet SBR peut réduire de manière substantielle les excédents de marges de solvabilité tout en prenant en compte le risque de souscription, le risque marché, le risque opérationnel, le risque de contrepartie, le risque de spread ainsi que le risque de concentration. La mise en place effective du projet devrait ainsi prendre deux à trois ans. À cela s'ajoute, l'application de la nouvelle réglementation dans la zone CIMA qui devrait également entraîner un besoin de recapitalisation au niveau des filiales africaines de Wafa Assurance (présente au Sénégal en Côte d'Ivoire, au Cameroun et en Tunisie). Ala Eddine Badr Analyste chez AlphaMena Suite à la nouvelle directive (une circulaire qui incite les assureurs à réduire leur exposition au marché actions et investir dans les Bons du Trésor de l'Etat), Wafa Assurance serait contrainte de revoir sa structure bilancielle. Bien évidemment, cette reclassification sera au détriment de la rentabilité quand le marché actions repartira. Nous pensons que cela va avoir des répercussions négatives sur les revenus opérationnels à long terme. Par contre, sur le court terme, Wafa Assurance pourrait dégager des plus-values importantes, suite à la liquidation attendue de certaines positions. Des plus-values exceptionnelles pourraient conduire à un dividende exceptionnel. L'historique de Wafa Assurance en matière de distribution de dividende milite en faveur d'un paiement exceptionnel. Wafa Assurance a toujours été l'une des valeurs les plus chères du secteur. Le titre se transige à un PE de 18,6 x du résultat net 2018 vs 14,4 x pour le secteur, mais aussi un P/Book de 3,03 x vs 1,69 x. La croissance modeste attendue ne justifie pas cette prime et les actifs africains de l'assureur marocain n'ont pas encore réussi à prendre le relais du marché local.