Les analystes et les investisseurs préfèrent attendre les résultats semestriels d'Afriquia Gaz avant de se prononcer sur le titre, considéré encore, il y a quelques mois comme une valeur de rendement... «Aujourd'hui, rien n'est plus sûr... Attendons de voir les résultats semestriels». C'est la rengaine qui revient chez l'ensemble des analystes de la place dans un contexte fébrile. En effet, le marché est aujourd'hui en alerte face aux évolutions de la campagne de boycott qui court depuis un peu plus de deux mois et qui vise certains produits de grande consommation dont Afriquia SMDC – filiale d'Akwa Group, et actionnaire d'Afriquia Gaz-. Si les autres sociétés visées par la campagne de boycott (Centrale Danone et Les Eaux Minérales d'Oulmès) ont finalement émis des profits warning sur leurs résultats semestriels, Afriquia Gaz «ne devrait pas être impacté par les effets de cette campagne». L'évolution du cours de la filiale Gaz d'Akwa Group, est actuellement à la discrétion des investisseurs qui adoptent eux également le «wait & see». «Hormis ces éléments, le titre a tout pour se maintenir en hausse», souligne cet analyste. Pourtant, le titre a perdu environ 13% durant les trois derniers mois pour s'échanger à 2.860 DH. Or, Afriquia Gaz est considéré habituellement comme une valeur de rendement. Son business model intégré et la stabilité de sa marge au niveau de son produit phare (gaz conditionné) sont autant de raisons qui lui confèrent ce statut très recherché par les investisseurs durant les cycles baissiers. Ce qui est le cas actuellement. Le Masi a réussi à dilapider en quelques semaines les gains enregistrés les exercices précédents. L'indice phare de la place affiche désormais une contre performance annuelle de plus de 3%. Le spécialiste de distribution de GPL aurait pu ainsi tirer son épingle du jeu surtout dans un contexte sectoriel particulier où le prix du baril de pétrole fluctue fortement ces derniers mois, sans prendre de direction claire. Dans ce sens, Afriquia Gaz devrait plutôt profiter de la bonne tenue de ses fondamentaux. Avant les récents évènements, certains professionnels tablaient déjà sur une croissance de 5% des revenus du groupe en 2018, suite à la hausse des volumes et un effet prix positif. Les marges EBITDA et EBIT devraient par contre légèrement baisser. De son côté, le résultat financier du groupe, devait connaitre une certaine évolution permettant à Afriquia Gaz d'afficher un bénéfice en nette amélioration. Aussi, l'entreprise devrait capitaliser sur son programme d'investissement prévu sur deux ans. Afriquia Gaz envisageait d'investir 683 MDH entre 2018 et 2019. Ce programme a été axé principalement sur le développement du maillage territorial, la sécurité d'approvisionnement à travers l'extension de la capacité de stockage (investissement dans un nouveau terminal de stockage prévu à moyen terme) ainsi que l'extension de la supply chain grâce à l'augmentation de la capacité des centres emplisseurs. Il faut dire que, pour cette entreprise qui revendique sa position de leader sur le marché national des GPL avec une présence sur l'ensemble de la chaîne de valeurs du secteur, le potentiel existe. Le dynamisme du marché des GPL reste fortement lié à la croissance démographique. Salma Kharbachi Analyste chez AlphaMena Nous prévoyons un rythme croissant des volumes distribués boostée par le bon positionnement de la firme et la croissance stable de la consommation énergétique marocaine. L'entreprise compte aussi se diversifier en intégrant le créneau du gaz naturel liquéfié, un secteur porteur auquel l'entreprise se prépare en investissant dans des terminaux de stockage. Néanmoins, nous avons révisé nos prévisions à la baisse tenant compte des conditions du marché qui sont désormais moins favorables pour Afriquia Gaz surtout avec la récente décision du gouvernement marocain concernant le plafonnement des marges des distributeurs d'hydrocarbures et avec la campagne de boycott contre la « cherté de la vie au Maroc». Côté valorisation, la société affiche un potentiel fondamental de 9,15%. Aux cours actuels, le titre se négocie à 8,49x VE/EBITDA vs. 8,30x pour son comparable AlphaMena et 5,76x pour l'opérateur marocain Total Maroc.