À la veille de l'avènement d'un nouveau gouvernement, le Conseil économique et social (CES) dresse un plan d'action dans lequel il rappelle les dysfonctionnements de l'économie marocaine et tire la sonnette d'alarme sur les déficits sociaux persistants. À travers la lecture des derniers indicateurs, le CES relève la «persistance des déséquilibres macroéconomiques». Dans ce sens, le Conseil met l'accent sur l'aggravation du déficit commercial, dans un contexte de crise économique et financière internationale. Jusque-là rien de nouveau. Cependant, ce qui interpelle, ce sont davantage les directives que donne le CES pour y remédier. La mobilisation des entreprises serait alors nécessaire afin de rehausser la compétitivité et le développement de l'offre exportable. Plus concrètement, ces deux finalités passent par «l'accroissement de la part des produits industriels dans les exportations en levant les nombreuses contraintes y afférant». Dans cette optique, il s'agit de faciliter aux acteurs économiques l'accès au foncier, de rationaliser les coûts des facteurs de production (énergie, main d'œuvre), d'élargir l'offre de main-d'œuvre qualifiée et de contrer le fléau de la concurrence déloyale (notamment les activités informelles). Au déficit commercial, le CES ajoute aussi la menace de la position budgétaire actuelle, recommandant par là «un redressement à brève échéance» pour faire face au risque croissant d'insoutenabilité. La nécessité du dialogue social À court et à moyen terme, si la volonté de contenir le déficit budgétaire en 2011 à des niveaux entre 4 et 4,5% se concrétise, le CES propose d'analyser les coupes opérées dans les dépenses et l'impact des arriérés de paiements de l'Etat sur la trésorerie des entreprises. Le défi est d'autant plus grand que la dette du pays reste classé dans la catégorie «investment grade». En somme, le Maroc devra rationnaliser ses dépenses sur une base durable à travers l'élargissement de l'assiette fiscale. Pour y parvenir, il s'agira de mettre en place un plan d'action visant à rationaliser et à optimiser les dépenses publiques, tout en assurant une justice sociale. Celle-ci se fonde essentiellement sur les bases de la simplicité, de l'équité et de la citoyenneté. Cette réforme devra, sur le long terme, permettre l'élargissement de l'assiette à travers la baisse des taux d'imposition, l'inclusion du secteur informel et la réduction des dépenses fiscales par la suppression des niches et des dérogations. À travers ces directives et par cette volonté d'assurer un bon niveau de croissance, il conviendrait également de prendre en ligne de compte les récentes prévisions de croissance européenne qui pourraient directement influer sur celles des principaux pays partenaires, et notamment sur le Maroc. «L'atonie de la croissance dans ces pays aura un impact sur les activités exportatrices du Maroc et les transferts de devises des MRE, ainsi que sur les IDE», s'inquiète le CES. D'où la nécessité de réactiver le Comité de veille stratégique. Dans ce climat risqué, la gouvernance du dialogue social s'avère plus que nécessaire afin d'assurer une paix sociale durable. C'est à juste titre le point de joint venture entre l'économique et le social. C'est aussi là que se trouve le grand défi de l'économie marocaine, à savoir la baisse du taux de chômage pour toutes les catégories (voir article page 7) ou encore l'accès des plus démunis à l'éducation ainsi que le dispositif de protection sociale qui compromettent la soutenabilité de la croissance. Pour l'heure, le CES fait dans l'inquiétude, estimant que le calendrier politique reste exceptionnellement chargé, en 2012. Il ne devrait donc pas prendre le pas sur la poursuite des réformes économiques et sociales.