L'économie burundaise, malgré son potentiel agricole, est mise à genou par la crise politique qui prévaut dans le pays depuis la réélection en 2015 du président, Pierre Nkurunziza. Après trois années de récession, l'économie burundaise devrait timidement renouer avec la croissance en 2018. Néanmoins, l'incertitude politique et les sanctions infligées par l'Union européenne, principal bailleur de fonds du pays, devraient continuer à peser sur l'activité. La croissance ne devrait pas dépasser 0,9%. Une pénurie de carburant à l'échelle nationale en 2017, provoquée par l'épuisement de devises étrangères, est l'illustration d'une économie à l'arrêt. L'augmentation des prix, notamment des biens importés, étrangle une consommation des ménages sur laquelle repose l'essentielle de la croissance. L'inflation, même si elle devrait bénéficier du ralentissement de la dépréciation de la devise nationale, devrait rester élevée en 2018 à plus de 13%, et continuer à éroder les maigres revenus des Burundais. Faibles ressources Les campagnes de récolte 2017/2018 du café et du thé, principaux produits d'exportation du pays (près de 48% des revenus d'exportations en 2016), devraient, certes, être plus favorables que les précédentes, mais ne suffiront pas à soulager un pays dont la population compte parmi les plus pauvres du monde (PIB par tête en 2016 de 325 dollars). Les faibles ressources de l'Etat servant essentiellement au maintien de l'ordre, la dépense publique n'apportera qu'un soutien minime à la croissance. Les tensions toujours élevées ne permettraient pas un rebond de l'investissement privé, complétant ainsi le sombre tableau de l'économie burundaise. Absence d'aides internationales La pression sur les comptes publics devrait persister en 2018. La mobilisation des recettes devrait rester faible : les revenus fiscaux se maintiennent seulement grâce à des taxes qui asphyxient le pouvoir d'achat des ménages burundais, tandis que la collecte des recettes non-fiscales, amputées des dons, devrait rester médiocre. Privé du soutien des bailleurs de fonds internationaux, qui sert essentiellement au financement des infrastructures, les dépenses en capital demeureront modiques. Ainsi, ce sont les dépenses courantes qui continueront à peser sur la balance globale. Le déficit courant, accentué par la suspension de l'aide de l'Union européenne, restera sous pression en 2018. Dépendant des importations, le Burundi souffre d'une balance commerciale structurellement en déficit qui pèse sur le déficit courant. En 2018, malgré une probable hausse de production du café et du thé, la valeur des exportations devrait souffrir d'une évolution peu favorable des cours de ces deux denrées. Mis sous pression par les déficits jumeaux, le franc burundais devrait continuer à se déprécier. Déjà fragilisée par les faibles revenus, la dépendance à l'aide internationale et la faible base des exportations avant la crise politique, la dette est d'autant plus exposée à un risque de surendettement. Finançant son déficit extérieur et une partie de son déficit budgétaire par l'endettement, le Burundi voit ses ratios de la dette publique se dégrader. La dette domestique, contractée essentiellement auprès de la Banque centrale, augmente notamment très rapidement et compte désormais pour plus de 65% de l'encours total de la dette, alors qu'elle représentait encore moins de 50% à fin 2013. Fiche pays BURUNDI Taille 9,6 millions de consommateurs Monnaie Franc burundais PIB/Hbt 325 dollars Croissance 0,9% (2018p.) Région économique CEEAC Note Coface E (risque extrême) Doing business 2017 164e/189 Le président Nkurunziza tiendra-t-il sa nouvelle promesse ? Le président du Burundi, Pierre Nkurunziza, a promis jeudi 7 juin de ne pas briguer sa réélection à la fin de son mandat, en 2020. La Constitution burundaise a été modifiée le mois dernier par référendum, permettant en théorie à l'actuel chef de l'Etat de briguer deux nouveaux mandats consécutifs de sept ans à partir de 2020, et par conséquent se maintenir au pouvoir jusqu'en 2034. Lors d'une cérémonie, Pierre Nkurunziza a cependant assuré qu'il ne comptait pas se représenter : «je voudrais informer les Burundais et le monde que je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit. Mon mandat prend fin en 2020», a-t-il dit. «Cette Constitution n'a pas été modifiée au seul profit de Pierre Nkurunziza, comme le disent les ennemis du pays. Elle a été amendée pour le bien et un meilleur avenir du Burundi et du peuple burundais», a ajouté le président du Burundi dans un discours qui en a surpris plus d'un. Le mois dernier, les électeurs burundais ont approuvé par 73% des votants la prolongation de cinq à sept ans du mandat présidentiel et la possibilité pour le chef d'Etat en exercice de briguer deux nouveaux mandats à partir de 2020.