En 2017, le Rwanda devrait enregistrer un taux de croissance de 6% malgré la baisse des prix de certaines de ses matières premières. Le pays dispose d'infrastructures de qualité et d'un environnement des affaires favorable. Au Rwanda, l'activité devrait rester soutenue par les services, qui pèsent pour près de 50% dans le PIB. L'augmentation de la flotte de RwandAir et l'ouverture de nouvelles lignes aériennes à partir de fin 2016 renforce les efforts d'investissement réalisés durant les années passées (aéroport, centre de conférence, hôtels) et devrait contribuer au développement des activités liées au tourisme, mais aussi au commerce et au transport. En 2017, les projets d'investissements dans les infrastructures, notamment dans les domaines de la production/distribution d'électricité et des transports (routiers, ferroviaires) dynamiseront le secteur de la construction. L'industrie devrait profiter de la montée en puissance de la centrale au gaz du Lac Kivu (mise en service fin 2015) et de l'ouverture récente de nouvelles unités de fabrication textile. Aide internationale La consommation, moteur de la croissance (plus de 75% du PIB) devrait rester porteuse grâce à des dépenses publiques qui pourraient se maintenir en cette année d'élections présidentielles. La hausse des prix sera alimentée par le renchérissement des biens importés (biens alimentaires, énergie), qui pourrait être accentué par la dépréciation -même modérée- de franc rwandais. Les tensions inflationnistes pourraient cependant être atténuées par la baisse, annoncée en octobre 2016, des tarifs d'électricité. Par ailleurs, la dépendance des finances publiques rwandaises à l'égard de l'aide internationale diminue mais reste élevée (de l'ordre de 25% des recettes budgétaires contre la moitié environ en 2010). Importations Les mesures destinées à élargir la base fiscale (supprimer certaines exonérations et améliorer le recouvrement ainsi qu'une croissance relativement dynamique) devraient permettre une hausse des recettes fiscales suffisante pour compenser la baisse des flux d'aide. Les importations seront soutenues par les importants besoins en biens d'équipements pour la réalisation des projets d'infrastructures. Les achats de pétrole, dont le cours pourrait légèrement progresser en 2017, pèseront également sur les importations, même si une partie des produits pétroliers achetés à l'étranger est réexportée, générant des recettes d'exportation. La dépréciation modérée du franc rwandais (8% environ face au dollar en 2015 et 2016) devrait se poursuivre en 2017, contribuant à l'absence d'amélioration du solde courant. Atouts et faiblesses Globalement, ce pays durement frappé en 1994 par un génocide interethnique figure aujourd'hui parmi les pays africains les plus dynamiques sur le plan économique. Le Rwanda dispose de plusieurs atouts. En plus de son potentiel géologique (cassitérite, coltan, or), son économie est propulsée par une main-d'œuvre qualifiée et des infrastructures de qualité. Cependant, sa forte dépendance aux cours des produits primaires (thé, café) et à l'aide internationale constitue des risques sur le maintien de la dynamique actuel. Enfin, l'enclavement du Rwanda et son exposition aux tensions géopolitiques de la région des Grands lacs constituent des points faibles, sans parler de la forte pression démographique et de la densité de la population, parmi les plus élevées d'Afrique. Paul Kagamé brigue un 3e mandat Le Rwanda est au centre des tensions, dans la région des Grands lacs. Alors que le dialogue reprend avec la RDC après une longue période d'affrontements entre milices rwandaise (Front de libération du Rwanda, FDLR) et congolaise (M23), les relations avec le Burundi sont, pour leur part, très tendues. L'afflux de réfugiés, aux frontières avec la RDC et le Burundi, est source d'instabilité. Le président Paul Kagamé a annoncé qu'il briguerait un troisième mandat aux élections présidentielles d'août 2017. La Constitution l'y autorise depuis l'amendement adopté fin 2015, suite à l'accord de la population par référendum, permettant à l'actuel président de se représenter pour un septennat en 2017, puis pour deux quinquennats supplémentaires. Paul Kagamé et son parti (Front patriotique rwandais) continueront donc à dominer la scène politique. La communauté internationale accuse le gouvernement de restrictions de liberté d'expression et souligne l'absence d'opposition. Le faible niveau de liberté politique est illustré par le mauvais classement du Rwanda par la Banque mondiale (169 sur 204 pays en 2015). Le pays enregistre en revanche de meilleures performances que la majorité des pays d'Afrique de l'Est en matière de lutte contre la corruption (53e rang) ou de respect des lois et de qualité de réglementation (respectivement 84e et 83e).