Le spécialiste en ingénierie industrielle croit en la sortie de crise. Le patron du groupe l'acclame haut et fort et reste confiant en la décision du tribunal qui devrait en statuer lors de l'audience du 14 juin prochain. Un expert judiciaire a été nommé pour examiner les comptes de la société. Décidément, les étoiles ne veulent toujours pas s'aligner pour Stroc Industrie. Si le spécialiste en ingénierie industrielle tente de se tenir à son plan de restructuration pour atteindre l'équilibre en 2018, ce n'est pas sans compter sur la procédure d'entreprises en difficulté enclenchée par un des salariés de Stroc Industrie. Le Tribunal de commerce de Casablanca a donc décidé, jeudi dernier, la nomination d'un expert judiciaire (Mohamed Sefroui) afin d'effectuer une évaluation comptable et financière de l'entreprise actuellement en grosses difficultés financières. Une nouvelle audience est d'ailleurs prévue le 14 juin pour faire le point sur l'état d'avancement du dossier. Pour l'heure, le tribunal n'a statué ni sur l'activation du plan de sauvegarde, comme l'avait réclamée la société elle-même, ni si un redressement judiciaire comme le souhaite le salarié en question. Il est à noter que le patron de Stroc Industrie, Nabil Ziatt avait, en effet, réclamé un plan de sauvegarde pour préserver la continuité de l'activité de sa société, il y a encore quelques semaines. Il s'agit d'une première pour une entreprise cotée à la Bourse de Casablanca. «Le plan de sauvegarde est une étape inévitable pour toute entreprise en difficulté et qui souhaite s'en sortir. Les gens l'appréhende beaucoup alors que c'est plutôt une bonne nouvelle», rassure Ziatt. Le plan en question soumis au tribunal en mai dernier, a été prévu par les dispositions de la nouvelle la loi n°17-73. Pour le cas de Stroc Industrie, le plan de sauvegarde –comme l'illustre son patron- regroupe un ensemble de business plan avec un certain nombre d'hypothèses. Pour l'heure, Ziatt reste confiant et serein, malgré les difficultés auxquelles fait face l'entreprise. «Je crois à la sortie de crise.. Je crois en la technicité de Stroc». Il faut dire que la société passe de turbulence en turbulence depuis sept ans. Entre l'introduction en Bourse en 2011 qui avait coïncidé avec le printemps arabe, une confrontation avec le syndicat du personnel qui avait conduit au blocage des ateliers de Stroc, les pertes qui s'enchainent, et la TVA ont fini par peser sur la trésorerie du groupe. Même la recherche de partenaires ne semble pas aboutir. Pour limiter les dégâts, le groupe avait même décidé de freiner leur croissance en 2016, «mais le coup de frein a été très fort». «Il y a eu des erreurs de gestion par le passé, certes, mais cela reste surmontable», admet Ziatt. Parallèlement à sa politique de restructuration, le groupe est à la recherche active d'un partenaire qui pourrait l'aider à surmonter ses difficultés. Pour l'heure, Ziatt avoue également que son principal but aujourd'hui dit est de sauver son entreprise. «Je me lève chaque jour pour sauver mon entreprise. Elle est toute ma vie». Pour cette entreprise créée en 1989 avec un capital social de 20.000 DH (aujourd'hui, il dépasse 62 MDH), Ziatt est prêt à tout. Il a d'ailleurs contracté un crédit personnel de 15 MDH pour faire face aux difficultés de l'entreprise. «Une partie a été remboursée, mais le reste (8 MDH), s'annonce encore difficile», avoue-t-il. Ronan Le Guellec Directeur Financier chez Stroc Industrie Les Inspirations ECO : Quel est aujourd'hui l'état actuel de la trésorerie de Stroc Industrie ? Ronan Le Guellec : Aujourd'hui, avec ce qui se passe dans le secteur, les banques ont tendance a serré la vis un peu. On a certains projets qu'on encaisse mais on ne peut pas y toucher parce qu'il y a eu des dépassements par le passé et aujourd'hui il faut rembourser. On essaie certes de trouver quelques arrangements. Il y a des banquiers avec qui ça marche, et d'autres beaucoup moins. On comprend parce qu'ils ont leur contrainte. Les banques françaises suivent les normes européennes qui sont très strictes. Les banques marocaines sont soumises aux contraintes de Bank Al-Maghrib en termes de risques et provisions. Mais on a réussi à réduire la voilure par rapport à nos besoins en liquidité. Aujourd'hui, on essaie de nous concentrer sur le remboursement de nos dettes. Quelles sont les banques qui vous soutiennent encore aujourd'hui ? Disons qu'avec les banques françaises aujourd'hui c'est un peu compliqué. Le souci, c'est que sur 4 gros chantiers en difficulté, il y en a 2 qui étaient financés par une banque française. Mais on n'est pas les seuls, d'autres sociétés sont dans la même situation que nous...Aujourd'hui, plus exigeantes, elles nous demandent de ramener nos lignes à zéro. Donc plus prêts, plus de dépassements... Est-ce vous avez envisagé des saisies des actifs de Stroc dans votre plan de sauvegarde ? Non, cela n'a pas été prévu, mais le plan est amené à être modifié. Vous savez, Stroc faisait à l'époque 750 MDH de chiffre d'affaires, aujourd'hui elle en fait beaucoup moins. On est arrivé à un moment où on peut se poser la question s'il n'y a pas des actifs qui peuvent être cédés. Notre plan est établi sur la base d'un scénario des plus pessimistes. Donc, si on arrive à remonter la pente avec ce type de scénario, cela ne peut être que bon pour nous. L'espoir d'atteindre un équilibre en 2018 n'y est plus alors? Non pas forcément, cela dépend de la suite des événements. Si, en effet, les choses trainent d'ici la fin d'année, on ne pourra pas atteindre l'équilibre d'ici là. Mais dans notre métier cela peut aller vite surtout avec un bon marché. Le démarrage des chantiers est plus avantageux dans notre cas. Quand on lance un carnet de commandes, on peut rapidement démarrer le chantier, importer la matière première..etc. Et on est payé à l'avancement. Contrairement aux queues de chantiers où cela traine en longueur... Avez-vous démarré votre carnet de commandes de 400 MDH ? Sincèrement, on a à peine démarré. On est en train de débloquer les financements mais c'est toujours en cours...