Il s'agit d'un exercice de consultation tous azimuts dans le cadre de la préparation de la deuxième session du conseil national de l'habitat qui ne s'est plus réuni depuis 12 ans. Il va falloir aussi imaginer les meilleurs scénarios après 2020, date de la fin du programme de promotion du logement social. Depuis 2006, le conseil national de l'habitat ne s'est plus réuni. À telle enseigne qu'on l'a oublié et par moment qualifié de coquille vide. Douze ans après, la réflexion est lancée pour préparer sa deuxième session. Placé sous l'autorité du chef de gouvernement, le CNH est une institution à caractère consultatif, censée être le cadre normal et propice pour toute concertation et réflexion sur l'avenir du secteur de l'habitat. Hier à Rabat, une conférence de lancement des ateliers de réflexion pour la redynamisation du secteur de l'habitat a été organisée. Ces ateliers ont pour objectif de provoquer le débat autour de questions centrales liées au secteur comme l'accès à la propriété, la qualité du logement social, l'habitat à caractère locatif qui doit répondre aux besoins de la classe moyenne qui trouve des difficultés d'accès à la propriété, la ville de demain, la réduction du déficit en logement... Déficits persistants La liste est loin d'être exhaustive. C'est l'occasion de partager le diagnostic du secteur, dans l'optique de définir des orientations ou des résolutions agrémentées de recommandations. Dans son discours d'ouverture des neuf ateliers de réflexion, Abdelahad Fassi Fihri, ministre de l'Aménagement du territoire, l'Urbanisme, l'Habitat et la Politique de la ville, a affirmé qu'il est temps de faire preuve d'innovation pour proposer une nouvelle génération de logements, abordable pour chaque type de revenu et de besoin. Des besoins qui avoisineront à l'avenir 1,5 million d'unités et qui devront porter sur de nouveaux programmes; à raison de 40% dédiés au logement social, 13% pour le logement locatif et une demande de 14% de la classe moyenne. Les exigences de qualité et de durabilité dans le logement social, feront aussi l'objet d'un intérêt particulier; car dans la foulée des réalisations à rythme élevé, les exigences de qualité et de confort sont perdues de vue. Même constat pour l'harmonie et l'esthétique des villes qui en ont pris un coup et dont les conséquences sont aujourd'hui irréversibles. L'absence d'une planification urbaine cohérente et pro-active poussera certainement à des choix difficiles dans l'avenir, pour résoudre des problèmes qui pourraient être évités à temps. Aujourd'hui, la contrainte est de trouver d'autres formules pour relancer le secteur, après la fin du programme 2010-2020 portant sur le logement social et qui avait donné de la visibilité et surtout un soutien étatique considérable pour booster le secteur. Avant la fin de l'année 2018, Fassi Fihri ambitionne d'avoir une feuille de route avec des objectifs clairs à mettre en oeuvre. Pour sa part, Fatna Lkhiyel, secrétaire d'Etat chargée de l'Habitat, a mis en exergue les déficits persistants malgré les avancées réalisées dans le secteur. Elle en a énuméré le manque de performance portant sur les indicateurs de la justice immobilière, le déficit en encadrement de l'acte de construire pour soi, le manque de promotion du logement locatif, les problèmes d'accès au foncier et au financement bancaire et la promotion du logement dans le monde rural. La nouvelle vision qui fait aujourd'hui l'objet de réflexion et de partage d'idées, devra également reposer sur une meilleure connaissance des territoires. Et ce pour aboutir à des outils locaux d'intervention ciblés selon les besoins spécifiques, dans un esprit de régionalisation et de territorialisation; aussi bien de la politique de l'habitat que de la production de logements. Il s'agit également de développer une nouvelle approche favorisant davantage de qualités dans la production de logements. Sur ce registre, les aspects d'efficacité énergétique et de durabilité dans les opérations de logement sont à mettre en valeur, au même titre que le renforcement de la performance et la compétitivité des opérateurs. Les débats porteront en sus sur les moyens de promouvoir le tissu des entreprises de construction, les outils d'aide et de soutien (financement bancaire, fonds de solidarité et de garantie, assurance...) ainsi que les mécanismes de réduction des coûts de logement (foncier, matériaux de construction, fiscalité, frais de gestion, entre autres...). Habitat insalubre: vers une approche transversale En dépit des acquis en matière de lutte contre l'habitat insalubre, les espaces urbains défavorisés, particulièrement dans les grandes agglomérations, se heurtent toujours à des contraintes et défis grandissants. Ceci impose une coordination des politiques et programmes publics et une synergie entre les différents intervenants pour consolider les acquis, en passant d'une intervention ponctuelle à une politique globale de développement urbain, prenant en considération les deux dimensions régionale et locale du phénomène. À noter que le coût global du programme-villes sans bidonvilles- est estimé à 32 MMDH, dont 10 MMDH de subvention de l'Etat, soit 30%. Les 70% restants étant répartis entre les recettes de péréquation des opérations (54%) et les contributions des ménages bénéficiaires (16%).