Avant même la prise de fonction du nouveau gouvernement, la Fondation Abderrahim Bouabid monte au créneau en interpellant le prochain cabinet sur ses responsabilités. Dans un document, intitulé «11 mesures d'urgence pour instaurer la confiance», la Fondation interpelle le futur gouvernement sur les actions qu'il se doit de mener pour mettre fin à «la persistance d'une défiance des Marocains vis-à-vis de la classe politique». Pour le think-thank marocain, «aussi nette et méritée que soit la victoire du PJD» aux dernières élections, celle-ci doit s'interpréter à la lumière de la faible participation électorale et aussi, des voix engrangées par le parti de la lampe (1,5million de voix) rapportés aux 13,5 millions d'électeurs inscrits et 21 millions en âge de voter. Le document qui sonne comme une véritable feuille de route à l'adresse de Benkirane et de son cabinet, se veut un concentré des attentes des citoyens marocains sur les 100 premiers jours de la gestion de la nouvelle équipe. Selon la Fondation, les premiers pas du futur gouvernement devront à la fois, converger à donner «des signaux forts de rupture» et des «mesures symboliques» pour démontrer aux «20 millions de Marocains adultes qui n'ont pas voté pour vous qu'ils doivent vous appuyer dans vos efforts». Entre autres mesures phares, la Fondation préconise d'intensifier la lutte contre la corruption et de poursuivre la moralisation de la vie politique, à travers notamment «la création d'une véritable unité anti-corruption avec de larges pouvoirs d'investigation et de poursuite et de «publier immédiatement la liste des détenteurs d'agréments, dans tous les domaines. La fondation estime également nécessaire de poursuivre la rationalisation de l'action de l'Etat, par le biais «d'un moratoire immédiat pendant une période de 6 mois sur les dépenses non engagées relatives aux plans sectoriels». Mettant au défi le gouvernement de Benkirane, la Fondation s'appuie sur les déclarations du PJD, du temps où il était dans l'opposition, notamment sur la polémique en rapport avec le TGV. La publication des décisions et délibérations des commissions d'investissements, l'instauration dès la loi de finances 2012, d'un impôt sur la fortune et un autre sur les successions et l'annulation de toutes les lois restrictives concernant les libertés individuelles et collectives, figurent également au rang des mesures adressés par la Fondation au gouvernement. Ce n'est d'ailleurs pas la première sortie de la Fondation présidé par Omar Balafrej dans le même cadre avec, chaque fois, une approche prospective à l'adresse d'éventuelles futures autorités. Cette sortie ne manquera pas de donner des sueurs froides au prochain cabinet pour lequel le document sonnera comme un rappel.