La Fondation Abderrahim Bouabid interpelle le gouvernement Benkirane. Onze mesures d'urgence doivent être adoptées par le nouvel exécutif, selon la fondation. Onze mesures d'urgence pour rétablir la confiance », c'est le titre de la lettre envoyée par la Fondation Abderrahim Bouabid (FAB) au futur gouvernement dirigé par le PJD. Publié le 16 décembre 2011, le document stipule que le prochain exécutif fera face à « deux problématiques majeures », à savoir le faible taux de participation aux dernières Législatives (6 millions d'électeurs sur 21 millions en âge de voter dont 1,2 millions ont voté pour le PJD). Face au manque d'intérêt que suscite la politique chez les citoyens marocains, FAB propose au futur gouvernement de « donner des signaux forts de rupture, seule stratégie à même de convaincre les sceptiques ». Ces signaux forts doivent être, selon FAB, sous forme de « mesures symboliques fortes » qui devront être « rapidement engagées sous peine de voir le scepticisme perdurer, voire le mépris généralisé submerger l'ensemble de la classe politique », met en garde la fondation. Tolérance zéro pour la corruption Pour rétablir la confiance entre les citoyens et la classe politique « nous avons pensé à 11 mesures symboliques fortes, courageuses et utiles au pays », stipule la lettre. Ces mesures d'urgence sont réparties en 5 axes. Le premier étant la création d' « un climat propice à une transition vers la démocratie ». Cet axe se concentre surtout sur la rationalisation des listes électorales, en les fusionnant avec la base de données CIN, cette mesure englobe également une « réforme de la loi sur les partis politiques ». Ces onze mesures d'urgence sont réparties en 5 axes. Le premier étant la création d'« un climat propice à une transition vers la démocratie». Le deuxième axe est celui de la « lutte contre la corruption et la moralisation de la vie publique ». Cet axe comprend trois mesures « fortes » : la création du site www.chafafiya.gov.ma, sur lequel tous les responsables doivent publier leurs déclarations de patrimoine; la création d' « une véritable unité anti-corruption avec de larges pouvoirs d'investigation et de poursuite », notamment en faisant voter « un arsenal répressif sévère », ajoute FAB; ainsi que la publication immédiate de « la liste des détenteurs d'agréments » (ou grimates), selon la fondation, cette mesure doit englober tout le secteur des transports, mais aussi les « carrières », la « pêche », etc. Affirmer les libertés individuelles Le troisième axe fait référence à la « rationalisation de l'action de l'Etat ». Cela passe, selon FAB, par trois autres mesures. La première étant de « décréter un moratoire immédiat pendant une période de 6 mois sur les dépenses non engagées relatives aux plans sectoriels», « Vous accorderez une importance particulière au symbole même des nombreux éléphants blancs de notre pays, à savoir le TGV, projet que vous avez combattu lorsque vous étiez dans l'opposition et dont la pertinence économique demeure une énigme pour la plupart des observateurs avertis », assène la fondation au futur gouvernement. La deuxième mesure de ce troisième axe est le « lancement d'un audit financier » de l'ensemble des institutions publiques. La troisième mesure se réfère à la publication immédiate des décisions des instances disposant d'un appui financier de l'Etat. Le quatrième axe prôné par la fondation fait référence à « la justice sociale et la redistribution des richesses». Cet axe comprend aussi trois mesures, à commencer par «l' instauration par le biais d'une loi de finance dès 2012 d'un impôt sur le patrimoine (impôt sur la fortune) et d'un impôt sur les successions », la « réforme de la Caisse de compensation », et le démantèlement du « système scandaleux et corrupteur du logement social (et en particulier le soutien aux promoteurs immobiliers) ». Le dernier axe comprend une seule mesure, la 11ème et qui se veut sans-doute la plus symbolique, « Faire voter l'annulation de toutes les lois restrictives concernant les libertés individuelles et collectives ». Pour cela, la fondation recommande au futur gouvernement de réformer les dispositions légales régissant « les relations homme-femme, l'alcool, la presse, et la liberté d'association et d'expression ». «La réforme de la loi relative à l'alcool – hypocrite et inapplicable – est une bonne mesure symbolique dont vous pourriez tirer un bénéfice politique considérable par ailleurs », recommande FAB. Mais l'on voit tout de même mal comment un gouvernement islamiste viendrait à légaliser la consommation d'alcool aux musulmans. Un comble !