Une délégation marocaine a essayé de séduire les Américains, à Washington, lors du Forum maroco-américain pour le commerce. Je dirais même que c'était une forte délégation. Deux ministres, le secrétaire général d'un ministère, un chargé de mission au cabinet royal, plusieurs directeurs de département ministériel et plusieurs hommes d'affaires du privé. Tout cela est bien, sauf que, du côté américain, on ne s'est pas bousculé au portillon. Résultat des courses, plus des trois-quarts des présents audit forum étaient marocains. On avait l'impression de se parler entre nous. Car, hormis trois ou quatre panélistes et trois intervenants dans la salle, on a très peu entendu les Américains. Même le puissant ministre américain au Commerce, Wilbur Ross, a quitté la salle tout de suite après son allocution. Il n'avait donc écouté que Lalla Joumala, ambassadrice du Maroc. Et au programme, il était question d'une séance de networking, autour d'un cocktail dînatoire, entre les représentants marocains et les investisseurs américains. Or, en l'absence d'Américains - partis plus tôt - cette séance s'est transformée en retrouvailles et accolades entre Marocains, autour d'un thé à la menthe et de cornes de gazelles ! C'est dire que ce modèle s'essouffle et qu'il est peut-être même dépassé. Il faut choisir des angles d'attaque précis, pointus, qui atteignent les points d'intérêt de son interlocuteur. On ne peut reproduire le même scénario à Londres, Paris, New-York et Washington, et toujours avec les mêmes acteurs. Cela ne peut réussir à tous les coups.