Ce sera un week-end laborieux qui attend Abdelilah Benkirane et ses alliés. Le nouveau chef du gouvernement, qui s'est donné jusqu'à la fin de la semaine pour finaliser la mouture provisoire du cabinet qui sera soumise au souverain joue contre la montre. Les réunions se succèdent et se ressemblent puisqu'à ce stade rien n'a été définitivement arrêté, exception faite du chef du gouvernement, nommé par le souverain et la Présidence de la chambre des représentants, qui a été dévolu à l'Istiqlal. C'est en tout cas, ce que vient de confirmer le chef du gouvernement qui a, d'ailleurs, avoir été reçu par le roi, mardi dernier, sans toutefois, décliner l'objet de la rencontre. Benkirane est, donc, au four et au moulin, alternant les rencontres avec les alliés sur l'organigramme du gouvernement, la répartition des maroquins mais également, avec la direction de son parti qui semble, déjà, avoir pris le devant sur certains dossiers. Après plusieurs réunions enchaînées depuis le début de la semaine, une rencontre est à l'agenda du chef de gouvernement pour ce vendredi, pour validé les points qui ont été évoqués mercredi dernier. Selon des sources proches du parti et du chef du gouvernement, les dernières rencontres entre les principaux leaders de la coalition n'ont pas encore abordé la question de l'attribution des postes. La question sera au menu des conclaves prévus aujourd'hui et qui se poursuivront tout le weekend. Mais, déjà, sur l'organigramme du gouvernement, des informations commencent à fuiter sur le nombre des postes ministériels ainsi que quelques changements qui seront apporté au niveau de plusieurs départements. Le prochain cabinet sera, probablement, constitué d'une trentaine de membres, 29 ministères, selon certains dirigeants du parti de la lampe, en plus d'un ministère ou secrétariat ou d'Etat, soit un total de 29 portefeuilles. Pour marquer son empreinte à la composition du gouvernement, plusieurs changements sont annoncés et qui tranchent avec celle du gouvernement sortant. Le ministère de l'Agriculture sera par, exemple, amputé du département de la pêche alors que ceux du commerce intérieur et extérieur seront fusionnés dans un seul ministère. L'Enseignement scolaire sera, également, du supérieur. C'est le cas pour celui du SGG et de l'Emploi qui garderont leurs attributions actuelles au sein du prochain Exécutif. La plupart ne connaitront pas de grands chamboulements, autres que la dénomination comme celui de la prévoyance sociale qui sera adossé à la santé publique. Programme commun La réunion de ce vendredi permettra, donc, aux alliés de se pencher sur ceux qui feront quoi au sein du nouveau gouvernement. Ce qui ouvrira la voie aux partis de soumettre le nom de leurs «ministrables». Selon Benkirane, les négociations se poursuivront jusqu'à la publication officielle de la composition du gouvernement. Des changements, en cours de route, ne sont donc pas à exclure en fonction de l'évolution des tractations qui se passeront en coulisses. Pour le moment, le PJD est assuré de disposer d'une dizaine de postes ministériels, l'Istiqlal entre 6 et 8, le MP et le PPS, trois au minimum pour chacun. Dans le même temps, Benkirane et compagnie compte finaliser les derniers réglages concernant l'installation de la Chambre des représentants ainsi que la mise ne place de son bureau, prévues pour ce lundi 19 décembre. L'objectif, est de gagner du temps surtout pour finaliser le programme de gouvernance commun sur lesquels des comités thématiques se penchent, déjà. Les leaders de la nouvelle majorité se sont mis d'accord, sans trop de difficultés, sur l'ossature du programme durant le prochain mandat 2011-2016. Le souci du maintien de la paix sociale, l'amélioration des services publics et la promotion des PME et TPE sont les grandes priorités du nouveau gouvernement. «Les plans sectoriels inachevés seront menés jusqu'au bout. Le plan d'action santé 2008-2012 et le Plan d'urgence pour l'éducation qui prend fin également aussi en 2012, seront en ligne de mire», assure-t-on auprès de la majorité. Le RAMED, qui devait être généralisé dés début 2012, mais aussi la poursuite du programme «Tayssir», seront les premiers chantiers à mener. Le diagnostic opéré par les nouveaux alliés a permis de se mettre d'accord sur la nécessité de poursuivre les réformes des secteurs de la justice et de l'éducation, les plus touchés par les grèves, tout en bouclant les chantiers relatifs à la lutte contre l'habitat insalubre. En plus de ce choix de continuité, le projet du programme gouvernemental a pris en compte plusieurs orientations qui seront validées d'une manière définitive aujourd'hui par le comité, qui a été chargé de faire les arbitrages et proposer une déclaration de politique générale, «claire et homogène». C'est ainsi que les mesures en faveur des TPE, et la réservation de 30% des marchés publics aux PME ont été retenus. La loi organique sur le statut des membres du gouvernement est aussi à l'ordre du jour des discussions. Elle définira les règles relatives à l'organisation et à la conduite des travaux du gouvernement et au nouveau statut des ministres. La nouvelle législation changera d'une manière substantielle les règles relatives aux secrétaires d'Etat ainsi que les cas d'incompatibilité avec la fonction gouvernementale et les règles relatives à la limitation du cumul des fonctions.