A deux mois de la désignation du continent qui organisera la Coupe du monde 2026, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) monte le ton à l'égard de la Fédération internationale de football (FIFA) en jugeant le processus d'attribution «non-équitable» . Le Maroc, qui par le passé a perdu quatre fois la bataille des urnes pour l'organisation de la Coupe du monde de football paraît déterminé à ne pas affronter le sort que la FIFA lui a réservé à la toute dernière minute. Un sort dicté le 14 mars par l'instance suisse dans son système de notation et que le Maroc n'a reçu que 24 heures avant le dépôt de sa candidature et 48 heures avant la date butoir de la communication des dossiers. Ainsi, la FRMF en la personne de son président Fouzi Lekjaâ, a manifesté la déception quant aux manœuvres de la grande tour du monde football, la FIFA en l'occurrence, qui a d'un seul coup rajouté des critères en vue de ternir la qualité du «Bid book» marocain. La FIFA, ses 6 miracles et sa «Task force» En plus de jouer sur le temps mort, la FIFA ne s'est pas empêché d'opter pour 9 critères - pour ne pas dire miracles -, en vue de serrer de plus belle le Maroc dans l'étau. L'énumération commence par l'hébergement en imposant un minimum de chambres d'hôtels par ville en fonction de la capacité des stades. Aussi, trouve-t-on le critère de la durabilité de l'infrastructure des stades. Côté transport, la FIFA sort l'impérativité d'une capacité aéroportuaire minimale de 60 millions de passager/an. Viennent ensuite les villes hôtes dont la taille minimale doit être de 250.000 habitants puis les déplacements, en ce sens que la durée maximale entre un aéroport et la ville hôte ne doit pas dépasser 1h30 minutes. Autre point non moins incompréhensible que la liste dressée plus haut, figure celui de la «Task force» constituée de 5 membres qui auront pour mission de parcourir minutieusement les deux dossiers de candidatures en vue d'une évaluation d'où découlera le verdict ultime qui tranchera sur la validation ou non des dossiers trois jours avant le vote du Congrès. Echec et mat pour le Maroc ? C'est ce que la FRMF semble - malheureusement – croire. Dans son tirage du jeudi 12 avril, le journal Le Monde communique dans ce qu'il appelle une note confidentielle, les propos des «Marocains» vis-à-vis de la task force. Ces derniers estimant que son existence contrevient aux statuts de la FIFA. «Le Conseil de la FIFA n'a plus de rôle souverain, il devra accepter le choix de la task force, dénonce un proche de la candidature marocaine. Il y a une volonté de la maison mère de ne pas faire passer le dossier marocain devant le congrès. On veut bien perdre, mais à la loyale». Le déploiement d'une task force est pareillement critiqué par l'ex-président de la FIFA Sepp Blatter qui, dans un entretien accordé à Le Monde ne s'est non seulement pas permis de rappeler que «depuis la réforme de 2011, c'est au Congrès de se prononcer sur l'attribution du Mondial», mais aussi de fouetter son successeur Giano Infantino en dénonçant ses manœuvres «tellement flagrantes». Une flagrance qui s'opère, en effet, dans les modalités du scrutin qui s'appliqueront à Moscou et que le Comité marocain pointe du doigt. Plus clairement, le Maroc voit mal que la FIFA écorche la loi du vote qui octroie à 207 pays de procéder au suffrage afin de désigner le pays hôte du Mondial, en instaurant une nouvelle « barrière » qui se résume en un troisième choix qui se résume en la possibilité de ne choisir «aucune des deux candidatures». Cette troisième option engendrera un report à 2020 de cette attribution de la Coupe du monde 2026 et sa réouverture à tous les continents comme l'affirme le quotidien français. Le pognon ou la réputation Au fur et à mesure, le contexte (dé)montre que la FIFA est entre le marteau et l'enclume, le «pognon» et la «réputation». L'octroi sans appels d'offres des droits télévisés pour la Coupe du monde 2026 à trois grandes chaînes américaines (Fox News et NBC-Telemundo) rend plus criard le panorama. Ce que confirme le quotidien britannique The Daily Mail en février et comme rapporté par Le Monde, «la FIFA aurait exigé des clauses dans les contrats de transmission télévisée qui lui procureront une prime exceptionnelle de 302 millions de dollars en cas de victoire de l'Amérique du Nord. Du côté de la réputation cette fois-ci, une lueur d'espoir a lieu d'être. Provenant de Zurich (siège de la FIFA), un cadre de la FIFA aurait, selon Le Monde toujours, soufflé qu' «il y a eu un timing malheureux [et qu'] il ne fallait pas envoyer les critères 24 heures avant le dépôt du dossier marocain». «Les Marocains vont trop loin. Je suis persuadé que les deux candidatures seront soumises in fine au vote du congrès», aurait-il ajouté. De quoi titiller l'optimisme des Marocains. Dans tous les cas, ces données (dé)montrent que la FIFA est consciente de sa démarche. Ecarter le Maroc d'un revers de la main avant le vote du 13 juin est de l'ordre de l'aberration. De plus, ce balayage risquerait de faire peser de lourdes conséquences, aussi bien sur le football que sur son Instance.