Sans vouloir tomber dans la victimisation, force est de constater que la candidature marocaine pour l'organisation de la Coupe du monde 2026 a été, et c'est le cas de le dire, torpillée par la FIFA. Plusieurs éléments troublants attestent qu'il ne s'agit pas d'une théorie du complot, mais bien de pratiques visant à tuer dans l'œuf le dossier de candidature marocain. «Le Matin» dévoile en exclusivité cette machination orchestrée par Gianni Infantino et ses équipes.
Oui, le Maroc a de fortes chances d'obtenir l'organisation de la Coupe du monde 2026 si son dossier passe avec brio la phase de l'évaluation. Les échos qui nous parviennent de plusieurs sources nationales et internationales dignes de foi attestent cette grande probabilité en raison à la fois du lobbying efficace de la partie marocaine qui a sillonné le monde pour mettre en avant la candidature nationale, mais aussi pour des raisons liées à la politique de l'immigration américaine ou encore en raison d'un vote sanction contre la FIFA gate (le scandale de corruption qui a secoué l'instance du football mondial en 2015). Tous ces paramètres n'ont pas échappé à la FIFA qui a des yeux dans les six confédérations qui font figure de baromètre des intentions de vote. Les dossiers confidentiels que le «Matin» a pu consulter sont sans équivoque. Ils témoignent, si besoin est, d'une volonté de la FIFA de nuire à la candidature marocaine. Pourtant, Gianni Infantino a assuré, il y a quelques jours, que l'appel d'offres pour la Coupe du monde 2026 était transparent. «Je défie quiconque de signaler une organisation qui mène un processus d'appel d'offres aussi juste, objectif et transparent que celui que la FIFA mène pour la Coupe du monde 2026», a-t-il indiqué, histoire d'enjoliver l'image de sa paroisse.
La réalité est malheureusement autre. La preuve : les documents confidentiels concernant les nouveaux critères de notation annoncés après le dépôt des Bid Books que le «Matin» a pu consulter lèvent le voile sur ce double jeu de la FIFA. Elle a modifié l'ensemble des prérequis dans le cahier des charges. Une attitude plus que suspecte parce que la FIFA aurait pu en informer l'équipe de la candidature marocaine un peu à l'avance pour que celle-ci intègre ces nouveaux critères dans le Bid Book. Les exemples ne manquent pas. Concernant les transports, initialement, la FIFA n'avait pas fixé de critères spécifiques sur la capacité aéroportuaire nationale. Elle a par la suite fait volte-face en ajoutant que les aéroports des villes-hôtes de la Coupe du monde devront avoir une capacité minimale de 60 millions de passagers. Elle a, en outre, ajouté le critère lié à la population en exigeant que les villes-hôtes doivent avoir au moins 250.001 habitants. Ce n'est pas tout. La FIFA a exigé la connectivité de chaque ville à une autoroute ou un train à grande vitesse. Ce qui n'était pas le cas dans le premier cahier des charges envoyé à la FRMF. Pour ce qui est de l'hébergement, la FIFA a chamboulé ses critères en cours de route en exigeant à la dernière minute un minimum de chambres d'hôtel pour le grand public par ville en fonction de la taille du stade, alors qu'elle n'avait pas fixé auparavant de critères spécifiques concernant la quantité d'hébergement disponible pour le grand public. Le critère des installations des équipes et des arbitres a été également modifié au même titre que celui des stades. Tous ces nouveaux paramètres auront un impact négatif sur la note technique du dossier marocain.
La FIFA se défend Contacté par le «Matin», le service de communication de la FIFA a assuré que «le processus d'appel d'offres pour la Coupe du monde de la FIFA 2026 a été conçu pour évaluer les offres par rapport à des critères objectifs et pour éviter ainsi un retour aux décisions secrètes et subjectives du passé. Le but de l'évaluation technique est de déterminer si les offres répondent aux exigences minimales en termes d'infrastructure et de critères de revenus/coûts». Et d'ajouter : «Contrairement à ce que la FRMF indique, les exigences d'hébergement, clairement définies dans les documents d'inscription aux enchères et dans les autres documents d'appel d'offres/d'hébergement fournis en 2017, n'ont pas changé. Le système de notation fournit simplement une méthodologie pour évaluer et documenter la mesure dans laquelle les offres soumises satisfont à ces exigences dans certains domaines clés. La plupart des critères utilisés dans le système de notation ne constituent pas des conditions sine qua non, et ne signifient pas l'exclusion d'un candidat qui ne respecte pas certains critères, mais simplement des éléments objectifs qui font partie de l'évaluation de l'offre». Une réponse qui laisse un peu perplexe, car la transparence veut dire que le donneur d'ordre doit mettre toutes les informations à la disposition des soumissionnaires. La Task Force, trop de pouvoir pour une instance sans existence statutaire Le rôle et les pouvoirs de la Task Force interpellent. L'article 69 des statuts de la FIFA stipule que le secrétariat général de la FIFA est en charge de l'évaluation des candidatures à l'organisation de la Coupe du monde et doit présenter au Conseil tous les rapports de candidature. Seuls le Conseil et le Congrès ont la faculté de désigner ou d'éliminer une candidature sur la base de tous les rapports d'évaluation transmis par le Secrétariat général. Jusque-là, rien d'anormal. Là où cela éveille les soupçons, c'est lorsque le secrétariat général met en place la Task Force et lui attribue la charge d'évaluer les dossiers de candidature avec des notes aux infrastructures et aux aspects financiers ainsi qu'aux sous-critères prédéfinis. Si ce groupe de travail qualifie un critère de «défaillance matérielle», cela entraîne automatiquement l'élimination directe de la candidature.
Or l'article 69 précise que seul le Conseil est habilité à statuer sur lesdits rapports afin de présenter un maximum de trois candidatures au Congrès. Par ailleurs, seul le Congrès, avec des règles de majorité spécifiques, est habilité à modifier les Statuts qui n'ont d'ailleurs pas été modifiés alors qu'ils auraient dû l'être pour donner de telles prérogatives à la Task Force (article 69.2.(a) des Statuts). Le Conseil, qui a édicté le FIFA Regulations et le Bidding Registration, doit mettre en conformité ces règlements avec l'article 69 des statuts en prévoyant que seul le Conseil a la faculté de désigner/éliminer les candidatures, et ce d'autant plus que la méthodologie détaillée d'évaluation des critères de la Task Force n'a été communiquée aux candidats que le 14 mars à 16 h 18, juste avant le dépôt des dossiers de candidature, ce qui témoigne du manque de transparence dans le processus et de l'absence de justice, contrairement à ce que stipule l'article 69.2.(a) des Statuts. Pour le dire autrement, la Task Force n'a pas d'existence statutaire et, a fortiori, ne devrait pas disposer du pouvoir d'éliminer un candidat au stade de l'évaluation des dossiers de candidature. Et pourtant, la FIFA lui a octroyé ce pouvoir. Plusieurs éléments troublants attestent qu'il ne s'agit pas d'une théorie du complot, mais bien de pratiques visant à tuer dans l'œuf le dossier de candidature marocain. «Le Matin» dévoile en exclusivité cette machination orchestrée par Gianni Infantino et ses équipes.
Oui, le Maroc a de fortes chances d'obtenir l'organisation de la Coupe du monde 2026 si son dossier passe avec brio la phase de l'évaluation. Les échos qui nous parviennent de plusieurs sources nationales et internationales dignes de foi attestent cette grande probabilité en raison à la fois du lobbying efficace de la partie marocaine qui a sillonné le monde pour mettre en avant la candidature nationale, mais aussi pour des raisons liées à la politique de l'immigration américaine ou encore en raison d'un vote sanction contre la FIFA gate (le scandale de corruption qui a secoué l'instance du football mondial en 2015). Tous ces paramètres n'ont pas échappé à la FIFA qui a des yeux dans les six confédérations qui font figure de baromètre des intentions de vote. Les dossiers confidentiels que le «Matin» a pu consulter sont sans équivoque. Ils témoignent, si besoin est, d'une volonté de la FIFA de nuire à la candidature marocaine. Pourtant, Gianni Infantino a assuré, il y a quelques jours, que l'appel d'offres pour la Coupe du monde 2026 était transparent. «Je défie quiconque de signaler une organisation qui mène un processus d'appel d'offres aussi juste, objectif et transparent que celui que la FIFA mène pour la Coupe du monde 2026», a-t-il indiqué, histoire d'enjoliver l'image de sa paroisse.
La réalité est malheureusement autre. La preuve : les documents confidentiels concernant les nouveaux critères de notation annoncés après le dépôt des Bid Books que le «Matin» a pu consulter lèvent le voile sur ce double jeu de la FIFA. Elle a modifié l'ensemble des prérequis dans le cahier des charges. Une attitude plus que suspecte parce que la FIFA aurait pu en informer l'équipe de la candidature marocaine un peu à l'avance pour que celle-ci intègre ces nouveaux critères dans le Bid Book. Les exemples ne manquent pas. Concernant les transports, initialement, la FIFA n'avait pas fixé de critères spécifiques sur la capacité aéroportuaire nationale. Elle a par la suite fait volte-face en ajoutant que les aéroports des villes-hôtes de la Coupe du monde devront avoir une capacité minimale de 60 millions de passagers. Elle a, en outre, ajouté le critère lié à la population en exigeant que les villes-hôtes doivent avoir au moins 250.001 habitants. Ce n'est pas tout. La FIFA a exigé la connectivité de chaque ville à une autoroute ou un train à grande vitesse. Ce qui n'était pas le cas dans le premier cahier des charges envoyé à la FRMF. Pour ce qui est de l'hébergement, la FIFA a chamboulé ses critères en cours de route en exigeant à la dernière minute un minimum de chambres d'hôtel pour le grand public par ville en fonction de la taille du stade, alors qu'elle n'avait pas fixé auparavant de critères spécifiques concernant la quantité d'hébergement disponible pour le grand public. Le critère des installations des équipes et des arbitres a été également modifié au même titre que celui des stades. Tous ces nouveaux paramètres auront un impact négatif sur la note technique du dossier marocain.
La FIFA se défend Contacté par le «Matin», le service de communication de la FIFA a assuré que «le processus d'appel d'offres pour la Coupe du monde de la FIFA 2026 a été conçu pour évaluer les offres par rapport à des critères objectifs et pour éviter ainsi un retour aux décisions secrètes et subjectives du passé. Le but de l'évaluation technique est de déterminer si les offres répondent aux exigences minimales en termes d'infrastructure et de critères de revenus/coûts». Et d'ajouter : «Contrairement à ce que la FRMF indique, les exigences d'hébergement, clairement définies dans les documents d'inscription aux enchères et dans les autres documents d'appel d'offres/d'hébergement fournis en 2017, n'ont pas changé. Le système de notation fournit simplement une méthodologie pour évaluer et documenter la mesure dans laquelle les offres soumises satisfont à ces exigences dans certains domaines clés. La plupart des critères utilisés dans le système de notation ne constituent pas des conditions sine qua non, et ne signifient pas l'exclusion d'un candidat qui ne respecte pas certains critères, mais simplement des éléments objectifs qui font partie de l'évaluation de l'offre». Une réponse qui laisse un peu perplexe, car la transparence veut dire que le donneur d'ordre doit mettre toutes les informations à la disposition des soumissionnaires. La Task Force, trop de pouvoir pour une instance sans existence statutaire Le rôle et les pouvoirs de la Task Force interpellent. L'article 69 des statuts de la FIFA stipule que le secrétariat général de la FIFA est en charge de l'évaluation des candidatures à l'organisation de la Coupe du monde et doit présenter au Conseil tous les rapports de candidature. Seuls le Conseil et le Congrès ont la faculté de désigner ou d'éliminer une candidature sur la base de tous les rapports d'évaluation transmis par le Secrétariat général. Jusque-là, rien d'anormal. Là où cela éveille les soupçons, c'est lorsque le secrétariat général met en place la Task Force et lui attribue la charge d'évaluer les dossiers de candidature avec des notes aux infrastructures et aux aspects financiers ainsi qu'aux sous-critères prédéfinis. Si ce groupe de travail qualifie un critère de «défaillance matérielle», cela entraîne automatiquement l'élimination directe de la candidature.
Or l'article 69 précise que seul le Conseil est habilité à statuer sur lesdits rapports afin de présenter un maximum de trois candidatures au Congrès. Par ailleurs, seul le Congrès, avec des règles de majorité spécifiques, est habilité à modifier les Statuts qui n'ont d'ailleurs pas été modifiés alors qu'ils auraient dû l'être pour donner de telles prérogatives à la Task Force (article 69.2.(a) des Statuts). Le Conseil, qui a édicté le FIFA Regulations et le Bidding Registration, doit mettre en conformité ces règlements avec l'article 69 des statuts en prévoyant que seul le Conseil a la faculté de désigner/éliminer les candidatures, et ce d'autant plus que la méthodologie détaillée d'évaluation des critères de la Task Force n'a été communiquée aux candidats que le 14 mars à 16 h 18, juste avant le dépôt des dossiers de candidature, ce qui témoigne du manque de transparence dans le processus et de l'absence de justice, contrairement à ce que stipule l'article 69.2.(a) des Statuts. Pour le dire autrement, la Task Force n'a pas d'existence statutaire et, a fortiori, ne devrait pas disposer du pouvoir d'éliminer un candidat au stade de l'évaluation des dossiers de candidature. Et pourtant, la FIFA lui a octroyé ce pouvoir.