Jalal Bencha kroun, Directeur général d'Atlanta Assurances Atlanta Assurances, entame cette année son nouveau plan stratégique 2018-2020 baptisé «Massar Attafaouk II» pour accélérer encore plus la croissance de la compagnie. Une feuille de route qui s'inscrit dans la continuité des objectifs fixés dans le premier plan triennal initié en 2015. Les Inspirations ECO : Où en sont les discussions concernant la mise en place de Solvency II ...Avez-vous entamé les simulations ? Jalal Benchakroun : Nous n'avons pas encore effectué de stress tests... Comme vous savez, nous avons reçu la première mouture de la circulaire en avril 2017. Chacune des compagnies a réagi différemment après réception du projet. Si certaines avaient besoin d'accompagnement pour comprendre son enjeu, d'autres ont commencé déjà à pointer du doigt la structure de la circulaire. Durant l'année 2017, nous avons eu des discussions avec l'ACAPS pour parler de la gouvernance de ce projet. Parce qu'il est très lourd à mettre en place et pourra avoir un impact profond sur le marché des assurances. Il fallait donc savoir comment on va gérer ce changement. Suite à cela, l'ACAPS nous a envoyé une deuxième mouture avec un certain nombre de modifications. Dès lors, nous avons entamé les discussions techniques concernant la mise en place de Solvency II. Nous ne savons pas encore s'il faut procéder par étape ou se lancer sur tous les piliers en même temps. Concernant les stress tests, personne ne peut les faire selon les normes marocaines...On peut faire des stress tests, mais ce sera selon les seuils de Solvency...Or ce ne sont pas, forcément, des seuils qui seront retenus par le marché marocain. Aujourd'hui, aucun chiffre n'est fixé dans la circulaire pour faire ces simulations. Les paramètres (seuil, taux, pondération...) ne sont pas encore définis pour pouvoir faire un stress test selon la solvabilité marocaine. Maintenant, si certaines compagnies tentent de faire ces simulations, cela se fera en fonction de données européennes et qui n'ont rien à voir avec la réalité marocaine. Ce qui fait que les résultats ne sont pas du tout pertinents... Quels sont les changements qui sont prévus par la circulaire ? Aujourd'hui, nous avons une solvabilité qui ne prend comme risque principal que la souscription. La nouvelle circulaire se base sur plusieurs piliers, dont celui relatif à la gouvernance (système actuariel élevé avec un système de contrôle doté d'un certain nombre d'exigences, le Conseil d'administration). Tous ces volets sont assez délicats à aborder. Le pilier 2, de son côté, prend en considération plusieurs paramètres. Hormis le risque de souscription, il y a le risque opérationnel, le risque financier, le risque d'image... Tous ces paramètres sont certes importants, mais il nous manque beaucoup de variables pour nous rapprocher des standards européens. Les marchés européens, par exemple, sont à des niveaux de placement sur le marché actions à 5 à 6%. Le marché marocain est lui à 50%. Si on exige, du jour au lendemain, que les opérateurs baissent leur position à 5%, c'est tout le marché financier qui peut s'effondrer. Il faudra donc prendre en considération les spécificités du marché marocain... Les changements que prévoit la circulaire sont très profonds et très lourds à réaliser.. Et les modifications apportées par l'autorité ne concernent, pour l'heure, que la construction et la gouvernance du projet. Y a-t-il une liste d'assurances que vous souhaitez voir obligatoires ? Pour relancer le secteur des assurances, un contrat-programme a été signé en 2011 entre le gouvernement et les différentes parties prenantes. Celui-ci prévoyait toute une liste d'assurances à rendre obligatoires. On a commencé par les garanties tous risques chantiers et la responsabilité civile décennale, mais on prévoit de rendre obligatoires tous les risques et contrats où il y a une responsabilité civile, notamment la responsabilité personnelle, la responsabilité civile habitation, la responsabilité civile dans les établissements publics.. Malheureusement, ces conditions de contrat-programme devaient être appliquées dans les cinq années qui suivaient la signature. Là, on a dérapé, mais il ne faut pas oublier que de 2011 à nos jours, nous sommes passés par beaucoup d'évènements, notamment le printemps arabe, une nouvelle Constitution, un nouveau gouvernement, le remaniement, les élections..., du coup certains chantiers ont été priorisés plus que d'autres. Comment évaluez-vous la configuration actuelle du secteur des assurances ? Où se place Atlanta ? Le fait que le Maroc reçoive des pointures de l'assurance, tels que le Groupe Axa ou encore Allianz et qui se battent pour la première place, démontre que le marché a du potentiel et est intéressant au vu des opérateurs étrangers. On le voit dans la croissance du chiffre d'affaires ou encore le taux de pénétration grandissant durant la dernière décennie. En effet, ce taux se plaçait, à peine à 2,6%, il y a encore 6 ou 7 ans. L'année dernière, il a grimpé à 3,6%. Cette année, on sera probablement autour de 4%. C'est un marché où il y a beaucoup de potentiel et on y croit. Quant à Atlanta, la compagnie figure parmi le top 5 du secteur. Le classement varie selon les segments. C'est vrai qu'il y a des compagnies qui ont beaucoup de Vie et beaucoup de placements, ce qui gonfle un peu leur chiffre d'affaires, mais on ne peut pas les qualifier d'assureurs. Mais si on ne prend que la non-Vie, nous sommes en troisième position. Si on pend la non-Vie hors automobile (les grands risques, le transport, la santé, les accidents de travail...), nous sommes premiers.