Les professionnels estiment que les prix finaux ne seront pas impactés par la baisse des importations du cahier tunisien. Cette baisse est attendue après la mise en place d'un droit antidumping sur ces importations. Le marché du cahier est estimé à 22.000 tonnes, avec une capacité installée globale de 26.000 tonnes. L'industrie marocaine des cahiers est soulagée. La décision du ministère de l'Industrie d'appliquer un droit antidumping, quoique provisoire, sur les cahiers importés de Tunisie a été accueillie avec joie. Trois grands opérateurs de ce segment du marché des fournitures scolaires, en l'occurrence Mapaf, Med Paper et Promograph, avaient instigué une enquête antidumping à l'encontre des cahiers provenant du pays maghrébin. Leur objectif atteint, l'heure maintenant est à la réorientation stratégique qui rétablira le statu quo au sein du marché, tel qu'il était avant que les cahiers tunisiens, importés par les intermédiaires à bas prix, n'inondent le marché. Ce statut implique ainsi un retour à la normale sans incidence sur le prix. Selon Jalil Bendanne, directeur général de Mapaf, pour une entreprise qui emploie 200 personnes, dont deux tiers travaillent dans la production, cette décision n'aura surtout pas d'impact sur le prix final. «Effectivement, le client final ne sera pas impacté par cette décision. Au lieu d'importer de la Tunisie, les distributeurs achèteront leurs marchandises maintenant chez les producteurs nationaux. Ces derniers vont par conséquent tourner à plein régime. Cela est simple à comprendre. La baisse des importations engendrera une augmentation de la production locale», souligne Bendanne. Pour le responsable, les emplois seront aussi préservés et, si besoin est, d'autres seront créés. Lahcen Oulahiane, directeur général de Promograph, est du même avis. Cette décision, pense-t-il, aura un impact binaire sur le secteur. «Les opérateurs vont récupérer les marges qu'ils ont perdues et, en même temps, ils vont produire plus», déclare-t-il. En ce qui concerne le prix final, Oulahiane est du même avis que Bendanne. Le droit antidumping appliqué sur le cahier tunisien n'impactera pas à la hausse les tarifs. «Par contre, c'est entre les différents acteurs de la chaîne de production et de distributeurs que les marges seront affectées. Seuls les détaillants garderont leur marge de 50%, cela est connu dans le secteur», précise le directeur général de Promograph. Un marché qui se réorganise Le marché du cahier est estimé à 22.000 tonnes, avec une capacité installée globale de 26.000 tonnes. Les investissements engagés actuellement par l'ensemble des opérateurs permettront de développer une capacité supplémentaire de 8.000 tonnes. À leur apogée, les importations des cahiers tunisiens totalisent entre 7.000 et 8.000 tonnes, ce qui correspond à entre 35 et 40% du marché. À cette époque, les entreprises ont eu recours à la diversification pour résister à ce qu'elles qualifiaient de concurrence déloyale. Chez Mapaf, où la production du cahier occupe 35% de l'effort industriel, l'impact a été logiquement moindre que chez Promograph, où le cahier représente 95% de l'activité. Sachant que le cahier scolaire occupe une part de 40% du marché des fournitures scolaires. «Ce constat nous avait poussés à nos orienter vers le parascolaire afin de combler les pertes sur les marges du cahier», explique Oulahiane. La politique produit va ainsi changer.