Les chaînes de valeur mondiales sont la porte d'entrée des produits marocains vers l'export. Deux nouvelles études montrent l'évolution de la connexion du Made in Morocco dans le monde. «C'est en intégrant une chaîne de valeur mondiale (CVM) qu'une PME marocaine a la plus grande probabilité d'exporter», insiste l'étude réalisée par la Banque africaine de développement (BAD), le Forum euro-méditerranéen des Instituts de sciences économiques (FEMISE) et le Groupe ISCAE. La force des CVM est que «la fragmentation de la production offre aux PME une opportunité sans précédent de produire et d'exporter une partie de la chaîne en fonction de leurs avantages comparatifs». Le Maroc tente, depuis le lancement du Plan Emergence en 2004 puis du Plan d'accélération industrielle (PAI), de se connecter à ces fameuses CVM. L'heure est à un premier bilan. Le Maroc dans les chaînes mondiales Pour les auteurs de cette étude, les CVM ont des effets positifs potentiels. «Pour les PME, produire et exporter au sein d'une CVM peuvent permettre des progrès de productivité, une amélioration de la compétitivité et un meilleur positionnement à l'international». Ces progrès touchent à un ensemble de domaines: l'obligation de répondre à certains standards de production et à certaines normes de qualité, l'accès à de nouvelles technologies, la possibilité d'améliorer les compétences des salariés, l'accès à de nouvelles informations, en particulier concernant les préférences des consommateurs sur les marchés des pays à haut revenu, l'accès à de nouvelles organisations productives, etc. Pour mesurer la participation des pays aux CVM, l'étude s'est basée sur deux indices: la participation en amont (le contenu des exportations en produits importés) et la participation en aval (la valeur ajoutée domestique incorporée aux exportations brutes des partenaires commerciaux). L'analyse des résultats (voir graphique n°1) montre que le Maroc participe davantage à ces CVM mais demeure moins connecté que des pays au même niveau de développement, notamment la Tunisie ou la Roumanie. Sur cette période de deux décennies, d'autres pays concurrents devancent aussi le royaume comme la Turquie, le Chili ou la Malaisie. Un indicateur mérite d'être finement analysé: la décomposition des exportations entre la partie VA domestique et la VA étrangère. Cet indicateur montre une régression de la première VA, soit un recul de 6 points en deux décennies. La décomposition des exportations marocaines par secteur montrent sans surprise que la VA domestique est plus forte dans le primaire (92%) et les mines (93%). La VA domestique est plus faible dans les secteurs industriels, notamment les nouveaux secteurs exportateurs comme l'automobile (41%) ou technologiques (47%). Dans le textile, le cuir et chaussures, la VA domestique est de 58%; dans les produits chimiques, elle est de 62%. Ce chiffre s'explique par le rôle de l'OCP. Précisons tout de même que ces chiffres concernent l'année 2011. Les remarques du HCP Dans le contexte de débat sur les pistes de diversification de l'économie marocaine, le HCP vient de publier son étude sur «Le potentiel de diversification de l'économie marocaine et les nouvelles opportunités de sa croissance». Deux conclusions sont à tirer de cette étude. Il y a d'abord une alerte à destination des décideurs publics: «Le Maroc peut devenir plus compétitif mais juste pour les produits à faible valeur ajoutée car ils s'approchent le plus de sa structure actuelle. Ceci est dû au fait que le Maroc, durant ces deux dernières décennies, n'a pu que peu stabiliser ses exportations qui sont majoritairement des produits primaires ou de faible contenu technologique». Ensuite, il y a une opportunité à saisir: «Les opportunités de diversification vers des produits riches et sophistiqués restent encore latentes dans notre économie. Cependant, d'après cette étude, 60% de ces opportunités s'avèrent être des choix non stratégiques et ne permettraient pas une transformation de notre économie. À cet effet, il s'avère nécessaire d'établir un cadre d'identification des choix stratégiques basé sur les capabilités actuelles de l'économie afin d'assurer une diversification durable et une croissance économique soutenue».