«Ecervelées», «manipulatrices», «soumises», «peu instruites», «victimes», «inexpérimentées»... Ce sont les résultats d'une étude portée sur l'image des femmes marocaines, véhiculée à travers les médias nationaux, présentée cette semaine à Rabat lors du Sommet arabe des nouvelles technologies et de l'équité des genres. Cette étude, réalisée par le cabinet LMS-CSA auprès d'un échantillon de 1.500 femmes de 15 à 55 ans, démontre clairement que les stéréotypes «machistes» ont encore la peau dure. À qui la faute ? «L'image des femmes véhiculée par les médias n'est pas représentative de la place réelle qu'elles occupent dans la société et de la pluralité des rôles, professionnel, familial et social qu'elles remplissent » révèle ainsi le rapport. Si la télévision par exemple, «met en doute la capacité des femmes à concilier entre différentes fonctions», la publicité et la fiction quant à elles, «promeuvent des clichés réducteurs et dégradants» conclut le rapport. Toutefois, quelques chiffres présentés lors de cette rencontre contredisent cette théorie du complot «médiatico-machiste». En effet, 77% des sondées admettent volontiers que les médias marocains «respectent l'égalité et l'équité dans la représentation numérique des genres». Autrement dit, les femmes apparaissent presque aussi souvent que les hommes dans les médias nationaux. Bien qu'il n'y ait pas de données chiffrées dans ce sens, l'impression des téléspectatrices reste assez positive. Mieux encore, 95% des interrogées trouvent que les programmes d'information et d'animation diffusent «en général» des images de femmes «élégantes, modernes, impliquées dans leur profession, engagées, compétentes»... Bref des femmes «qui n'ont rien à envier à leurs collègues masculins» précise l'étude. Pour 35% des femmes interrogées, ces programmes «reflètent mieux leur réalité». Dans ces conditions, il semble de mise de se demander où se cache cette femme à la fois «écervelée, manipulatrice, ignare, inexpérimentée et soumise» qui préoccupe tant les professionnel(les) des médias et les féministes de la communication ? Quand le rêve devient cauchemar À la lecture des éléments du rapport, c'est la publicité et la fiction que l'on retrouve au banc des accusés. Selon les femmes questionnées, les deux «promeuvent des clichés réducteurs et dégradants pour les femmes, les représentant comme des victimes sans défense, peu respectées, déprimées, brimées, faibles, ou encore comme des personnes arriérées». Autant dire que, de la réclame aux feuilletons tant convoités (justement) par ces dames, les deux n'y vont pas de main morte côté clichés. Pour 48% des femmes consultées par LMS-CSA, la fiction est «le genre véhiculant l'image la plus négative», et «la plus éloignée de la réalité » pour 29% d'entre elles. La publicité, quant à elle, est épinglée par 47% des femmes comme diffusant «une image négative de la gent féminine». De l'avis de 32% d'entre elles, la publicité transmet «toujours» des images de «femmes négligées, absorbées par les tâches ménagères». Face à ce plaidoyer du «sexe faible» concernant son image sur les médias, les communicateurs pourront arguer que la publicité à toujours eu pour vocation de vendre du rêve, à cette différence près que le rêve est devenu pour nombre de femmes un cauchemar.