La remontée des cours du baril à l'international tient en haleine l'ensemble de la profession. Le fournisseur pétrolier marocain, devrait, de son côté, profiter de cette embellie pour enregistrer des revenus en hausse. Le titre est à «renforcer» selon plusieurs analystes de la place. Les perspectives du secteur s'annoncent positives sur les années à venir, avancent les analystes de la place, se basant sur la libéralisation au Maroc des prix des hydrocarbures combinée à une éventuelle reprise du cours du baril du pétrole à l'international. Fin janvier, le cours du baril de pétrole a touché un point haut avec un passage symbolique au-dessus de 70 dollars. Une première depuis 2014, date à laquelle les cours se sont effondrés mettant nombre de grandes compagnies pétrolières dans le rouge et les forçant à revoir leurs investissements à la baisse. «Une nouvelle ruée vers l'or est donc à supposer», prédisent les observateurs. D'ailleurs, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), prévoit dans son dernier rapport mensuel, que la production américaine de brut devra augmenter, pour atteindre un pic historique, dépassant l'Arabie saoudite et rivalisant avec la Russie, si ces deux derniers continuent de limiter leur propre production -suivant un quota fixé par les pays de l'OPEP en 2016 et qui court jusqu'à la fin de l'année. Cela dit, certains analystes restent sur leurs réserves, vu que «la nature du marché réagit aux changements politiques et géopolitiques». À long terme, «les pays seront de plus en plus nombreux à passer aux sources d'énergies renouvelables et les technologies innovantes seront de plus en plus nombreuses dans l'industrie énergétique américaine», souligne un expert. Or, les grands pétroliers semblent avoir anticipé une reprise de la demande pétrolière. Celle-ci devrait croître, selon l'AIE, de 1,3 million de barils par jour en 2018 pour atteindre 99,1 millions de barils par jour. Shell vient d'annoncer son premier grand projet en mer du Nord depuis six ans, estimé selon des analystes à 2,5 milliards de dollars. BP vient de signer des contrats avec l'Irak pour doubler la production du pays, ExxonMobil lance une exploration en eaux très profondes (plus de 1.500 mètres) au Ghana. Le géant Total vient ainsi de débourser 1,95 milliard de dollars pour acquérir des parts dans l'offshore ultra-profond au Brésil. Sa filiale marocaine devrait ainsi bénéficier des éléments suscités en capitalisant sur le savoir-faire de sa maison mère à travers, entre autres, la commercialisation de produits à plus forte valeur ajoutée, mais aussi par un effet de taille en lien avec l'ouverture de nouvelles stations-services. En effet, Total Maroc étoffe son réseau de distribution dans le royaume, en inaugurant sa 312e station. Cette 10e station-service autoroutière du réseau de la filiale du groupe français a mobilisé une somme de 25 MDH hors foncier. La compagnie se tient à son plan stratégique qui vise l'extension de son réseau avec l'ouverture de 12 à 16 stations par an. Ce qui équivaut à un investissement moyen de 350 MDH par an sur les 5 dernières années. De ce fait, les analystes semblent confiants et recommandent le titre à «renforcer» dans les portefeuilles. Les prévisions tablent sur une progression du chiffre d'affaires consolidé en raison de la hausse des prix de vente des carburants et dans une moindre mesure de ceux du gaz (en vrac et propane). Même si ces derniers pourraient connaître une possible perturbation en cas de libéralisation et/ou décompensation du butane. Ainsi, les revenus du groupe devraient s'apprécier de 12,9% à 9 MMDH, comparativement à un an auparavant. Pour le résultat d'exploitation consolidé, les estimations des analystes tiennent compte d'une bonne maîtrise des charges de commercialisation des produits couplée à une montée en puissance des produits à forte valeur ajoutée (Total Excelium, les lubrifiants haut de gamme). Des prévisions à nuancer néanmoins, selon certains professionnels de la place. Les analystes de BMCE Capital Gestion soulignent le leur côté que le périmètre d'activité reste limité au Maroc ne permettant pas de profiter de relais de croissance africains, en plus des faibles capacités de stockage par rapport aux exigences réglementaires. Salma Kharbachi Analyste chez AlphaMena Depuis son introduction en Bourse, Total Maroc a montré une bonne performance. Ces dernières années, la profitabilité de la firme a été positivement impactée par l'introduction de nouveaux produits et concepts à forte valeur ajoutée (Total Excellium, La Croissanterie, Total Wash, Hard Auto...), la libéralisation des prix à la pompe, la hausse des prix des produits pétroliers sur les marchés internationaux et le programme pluriannuel d'investissements de plus de 950 MDH sur la période 2014-2016. Depuis le début de l'année, la firme a réalisé une belle performance de 7,18% reflétant ses bons indicateurs financiers, sa capacité de génération de cash et sa politique généreuse de distribution de dividendes. L'un des atouts majeurs de Total Maroc reste sa force de frappe commerciale avec le développement de 312 stations-services. À notre avis, la croissance importante des bénéfices (à deux chiffres) est correctement valorisée par le marché. Aux cours actuels, la firme se négocie à un VE/EBITDA de 10,4x vs 7,19x pour ses comparables couverts par Alpha Mena et Alpha Value.