Après des semaines de tractations et de réunions, le chef de l'Etat, empêtré dans des scandales de corruption, a finalement cédé aux pressions de son parti, l'ANC. Il a été élu pour la première fois en 2009 et obtient un second mandat en 2014, mais n'est pas parvenu à venir à bout de sa mission. En effet, Jacob Zuma a assisté en direct à l'extinction de son pouvoir. La veille, son parti, l'ANC (Congrès national africain) lui avait enjoint de démissionner de son poste. Il lui fallait non seulement céder, mais le déclarer depuis la présidence dans la matinée, en jouant la comédie de la modestie et de la discipline. Sans issue, Jacob Zuma se contente d'abord de voir rouge. Déjà, il fait annuler sa déclaration officielle. Puis, dans l'après-midi, il apparaît subitement à la télévision nationale où il se livre à un entretien journalistique. Il dévoile en réalité les grandes lignes d'un monologue intérieur inquiétant, affirme ne pas comprendre pourquoi il lui faudrait démissionner, suggère aussi qu'on lui donne du temps, d'abord trois, puis six mois, pour présenter le nouveau chef de l'ANC, Cyril Ramaphosa, aux présidents d'Afrique et des BRICS. Puis le président en sursis conclut son discours par une menace, celle que son limogeage «mette beaucoup de gens en colère». Comprendre : dans sa province du Kwazulu-Natal où le chauvinisme zoulou pourrait faire de sa chute le motif d'une rébellion. Quelle que soit la réaction de son ethnie, son sort est scellé depuis plusieurs jours déjà au sein de l'ANC où la faction de son rival, Cyril Ramaphosa, a pris la présidence du parti en décembre 2017. Jacob Zuma espérait alors mener une guerre d'usure afin d'étouffer peu à peu son rival. Ce dernier, depuis sa position de force à la tête de l'ANC, l'a battu à ce petit jeu. Le président a vu virer ses proches, ses fidèles, ses obligés, rejoignant comme un tas de limaille de fer le nouveau pôle magnétique du pouvoir, Cyril Ramaphosa. Résultat des courses, Zuma offre finalement une démission exigée. Debout une dernière fois derrière le pupitre de la présidence, il rappelle qu'il a été «membre de l'ANC presque toute sa vie» et mentionne que, selon lui, le pays «continue de bien des manières à être sous la coupe des privilégiés blancs».