Samedi 12 février, la ministre de la Santé, Yasmina Baddou, inaugure en grandes pompe une clinique privée spécialisée dans le traitement des maladies psychiatriques de l'adulte, c'est un fait important. Pourquoi? Au-delà de l'aspect «festif» de l'évenement, la démarche elle-même dégage plus d'un signal fort. Tout d'abord, il s'agit du premier établissement du genre au Maghreb. Ensuite, et surtout, cela prouve que l'investissement n'est aujourd'hui plus seulement le bienvenu dans les secteurs classiques mais aussi dans la santé, notamment lorsqu'il s'agit de «domaines de spécialisation pointus», tels que celui de la psychiatrie. Enfin, ce type d'initiatives est pertinent du fait qu'il donne un coup de pouce à l'insuffisance «chronique» d'établissements spécialisés, structurés et performants. La clinique «Villa des Lilas» vient, ainsi, répondre au Maroc à une réelle et urgente demande de soins spécialisés en psychiatrie, selon les dires de ses instigateurs. L'établissement est l'un des rares du genre au Moyen Orient et en Afrique. Créée à l'initiative du docteur Hachem Tyal, psychiatre et psychothérapeute de Casablanca, la clinique «Villa des Lilas», comprend trois unités standards d'hospitalisation psychiatrique(USHP), qui sont des services «ouverts» et une unité de soins psychiatriques intensifs (USPI), qui est un service «fermé», réservé au traitement des troubles mentaux graves. «La conception de cette structure répond aux normes actuelles des établissements psychiatriques modernes en matière de sécurité, d'hygiène et de qualité de séjour et d'hébergement», insistent les responsables. «Les psychiatres qui hospitalisent leurs patients dans cette structure, sont les seuls référents de leurs patients et uniques responsables de leurs soins au sein de la structure. La psychiatrie demeure le parent pauvre, en particulier en matière d'accueil pour hospitalisations, aussi bien dans les secteurs public que privé», selon les données révélées par le département de tutelle. Offre contre demande Aujourd'hui, d'après la même source, «si les patients expriment le plus souvent des besoins en consultation, il n'en demeure pas moins qu'une part importante nécessite une hospitalisation, parfois en urgence. 1% des Marocains souffrent de schizophrénie et 1% de troubles bipolaires». Entre 10 et 20% des Marocains ont fait, font ou feront une dépression sévère dans leur vie. «Quant aux troubles psychiques de gravité moyenne ou minime qui nécessitent un suivi psychiatrique, il y en a beaucoup plus», assure l'un des responsables au sein de cette nouvelle structure. En ce qui concerne les besoins en hospitalisation, «il n'y a à Casablanca et dans sa région, pour une population d'environ 4 millions d'habitants, que 30 lits psychiatriques privés. 9 lits sont installés dans un service de neuropsychiatrie au sein d'une clinique médico chirurgicale et 21 autres dans une clinique chirurgicale », apprend-on. «Ces 30 lits accueillent des pathologies psychiatriques lourdes mais elles sont très vite saturées», souligne la même source, d'où l'intérêt de cette nouvelle clinique.