La première clinique privée spécialisée en psychiatrie vient d'ouvrir ses portes à Casablanca. La capitale économique ne dispose que de 224 lits dans le public et de 30 lits dans le privé. La première clinique privée spécialisée en psychiatrie vient de voir le jour à Casablanca. Cette structure première en son genre au Maghreb a été inaugurée samedi 12 février en présence de Yasmina Baddou, ministre de la Santé. La clinique Villa des Lilas est un centre de soins médicaux spécialisés dans la prise en charge des maladies psychiatriques de l'adulte. Le directeur médical de cet établissement et porteur du projet n'est autre que le Dr Mohamed Hachem Tyal, psychiatre et psychothérapeute. Cette structure compte 25 lits d'hospitalisation répartis en trois unités d'hospitalisation psychiatrique qui sont des services dits «ouverts» et une unité de soins psychiatriques intensifs, qui est un service «fermé» réservé au traitement de troubles mentaux graves. «L'établissement comprend des chambres de base et des chambres de luxe qui sont à des tarifs plus élevés. Il y aura une prise en charge dans le cadre de conventions. Il faut savoir qu'une chambre vide c'est-à-dire sans patient coûte 1000 DH par jour. Le prix de revient ( les frais, crédits sur le bâtiment) pour la clinique est de 1000 DH par jour», précise le Dr Hachem Tyal. Quant à l'équipe médicale et paramédicale, le Dr Tyal précise que «La clinique est ouverte à tous les psychiatres. Nous avons fait en sorte que cet établissement soit un lieu d'accueil. Les psychiatres qui hospitalisent leurs patients dans cette structure sont les seuls référents de leurs patients et uniques responsables de leurs soins. Le personnel infirmier comptera 40 à 45 personnes qui seront amenées à travailler en permanence». A noter que des médecins spécialistes peuvent être appelés par la clinique, à la demande des médecins référents des patients hospitalisés, pour des consultations spécialisées ou pour d'autres actes tels que la sismothérapie ou des explorations fonctionnelles. Cette structure a été conçue afin de répondre au manque d'infrastructure psychiatrique dans notre pays. A ce sujet, il n'est pas inutile de rappeler qu'il n'y a actuellement que 1.900 lits psychiatriques pour une population de 31 millions d'habitants. La ville de Casablanca qui compte 100.000 malades ne dispose que de 224 lits dans le public. «Le Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd compte 104 lits. L'hôpital Tit Melil dispose de 100 lits qui sont réservés aux malades médicaux légaux. Il faut aussi relever un service intégré à l'hôpital Bouafi qui comporte 20 lits. Ce service est réservé uniquement aux malades légers», souligne le Pr Driss Moussaoui, directeur du Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd.Et d'ajouter «pour faire face à cette pénurie, un projet du ministère de la Santé vise à doubler la capacité d'accueil pour passer à 440 lits au niveau de Casablanca». La situation n'est guère meilleure dans le privé comme l'atteste le Dr Hachem Tyal. «Il n'y a pour Casablanca que 30 lits psychiatriques privés pour une population de 4 millions d'habitants. 9 lits sont installés dans un service de neuropsychiatrie au sein d'une clinique médico-chirurgicale et 21 autres dans une clinique chirurgicale». Au défaut d'infrastructures psychiatriques, s'ajoute le manque crucial de personnel médical. Le Maroc ne compte que 350 psychiatres soit un psychiatre pour 100.000 habitants. Une situation alarmante sachant qu'un Marocain sur deux souffre d'un trouble mental. La schizophrénie, à elle seule touche 300.000 Marocains. Quant au risque de sombrer dans la dépression, le Dr Hachem Tyal relève que «Il existe une chance sur 3 de devenir dépressif grave dans la vie».