La délégation du gouvernement de Melilia prévoit des mesures drastiques afin de restreindre le nombre des porteurs au niveau du poste frontière. Le tragique décès des porteurs marocains à Sebta et Melilia revient sur les devants de la scène parlementaire espagnole. Le groupe parlementaire de la Gauche unie (IU) a remis sur le tapis ce brûlant sujet. Deux députés de cette formation ont demandé la comparution du ministre espagnol de l'Intérieur, Juan Ignacio Zoido, pour s'expliquer au sujet des morts successives des travailleurs marocains s'affairant dans le commerce transfrontalier. Les parlementaires espagnols ont rappelé que ces pertes humaines se sont produites alors que la chambre basse espagnole a adopté une proposition non de loi ayant comme finalité la protection de ces travailleurs. Ladite mesure exhortait le gouvernement de Mariano Rajoy à adopter des mesures tangibles pour éviter les bousculades et les piétinements aux tourniquets et devant les grillages, lesquels provoquent des pertes humaines. Les auteurs de la convocation du ministre ont regretté que «ni le gouvernement espagnol, ni les autorités marocaines ne s'impliquent suffisamment pour s'accorder sur des mesures pouvant mettre fin, une fois pour toutes, à ce grave danger qui emporte des vies humaines». De l'autre côté de la rive, le décès lundi du porteur marocain admis en unité de soins intensifs a irrité le chef de l'Exécutif de Melilia. Fidèle à lui-même, le président du gouvernement de Mlilia (PP) a considéré que la responsabilité des événements produits aux frontières incombe au Maroc. Juan Imbroda a estimé que le royaume «doit mettre de l'ordre», a-t-il martelé dans l'une de ses célèbres sorties fracassantes. Un avis non partagé par les agents en poste aux frontières. Le syndicat de la police de Melilia a vite contredit les propos de la haute autorité de l'enclave, estimant que «la frontière est une affaire de deux parties». De son côté, la délégation du gouvernement de Melilia croit avoir la solution à ces accidents mortels, de plus en plus récurrents. Abdelmalik El Berkani, le délégué du gouvernement, a jugé qu'il est urgent de réduire drastiquement le nombre des porteurs. Sa solution? La distribution de «cartes d'identification» aux porteurs pour éviter les intrus et réguler les flux humains. Une mesure déjà expérimentée à Sebta mais abandonnée car ayant montré ses limites. Interpellé par les médias locaux sur les propos accusateurs d'Imbroda à l'adresse du royaume, El Berkani, connu pour son tact, a évité de tomber dans ce piège, se limitant à dire que «Nous pouvons tous être des coupables. Le chaos est un problème». Toutefois, El Berkani n'a pu s'empêcher d'être critique envers les porteurs. «S'ils faisaient preuve de discipline et étaient disposés à respecter les files, le transit serait mois chaotique», croit-il savoir.