La légende du football africain, George Weah, a remporté haut la main la présidentielle au Liberia. Son élection est source d'espoirs dans ce pays confronté aux défis économiques et sécuritaires. Des terrains de football au palais présidentiel ! Tel est le destin de George Weah, l'enfant des quartiers populaires de Monrovia. En effet, la légende africaine du football et sénateur a largement remporté l'élection présidentielle au Liberia, avec 61,5% des suffrages lors du second tour, contre 38,5% pour son adversaire, le vice-président Joseph Boakai. Attaquant star de Monaco, du PSG et du Milan AC dans les années 1990, George Weah doit succéder le 22 janvier à Ellen Johnson Sirleaf, marquant ainsi la première transition démocratique depuis plus de 70 ans dans ce pays anglophone d'Afrique de l'Ouest. George Weah, 51 ans, favori après être sorti vainqueur du premier tour du 10 octobre avec plus de 38% des voix, s'est montré sûr de lui avant et après le jour de l'élection. «Le peuple libérien a clairement fait son choix (mardi) et, ensemble, nous sommes confiants quant à l'issue du processus électoral», a commenté, sur son compte Tweeter, le désormais nouveau président de la République du Libéria, et non moins «Ballon d'Or» 1995. Transition démocratique Pour le Liberia, l'élection de George Weah marque un nouveau départ. En effet, le pays n'avait pas connu d'alternance démocratique depuis 1944. Et près de trois décennies après le début d'une guerre civile particulièrement atroce qui a fait 250.000 morts entre 1989 et 2003, cet Etat qui compte parmi les plus pauvres de la planète s'apprête à vivre une transition du pouvoir en douceur. La présidente sortante, Ellen Johnson Sirleaf, a signé mardi 25 décembre, un décret établissant une équipe de transition, composée de plusieurs ministres, pour organiser un «transfert ordonné du pouvoir» à son successeur. Le spectre Charles Taylor Le Liberia, qui peine à se remettre de l'épidémie d'Ebola, vit encore dans le souvenir de Charles Taylor, 69 ans, ancien chef de guerre puis président (1997-2003), prédécesseur de l'actuelle présidente sortante Sirleaf. Condamné par la justice internationale à 50 ans de prison, il purge sa peine en Grande-Bretagne pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone voisine. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et le chef des observateurs de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'ancien président du Ghana John Dramani Mahama, ont salué «la tenue pacifique» du scrutin. Une reprise difficile Le Liberia a été l'un des trois pays les plus affectés d'Afrique de l'Ouest par le virus Ebola. Les pertes économiques liées à ce risque sanitaires, les dépenses de santé, les fuites de capitaux ont continué de peser sur la croissance en 2016. Elles sont de plus amplifiées par les faibles prix du minerai de fer et du caoutchouc qui représentent 46% des exportations (2015). Les exportations de matières premières ont été décevantes, notamment à cause d'une production d'or inférieure aux attentes. En 2017, l'environnement macroéconomique restera difficile avec la lente remontée des prix des matières premières exportées. La reprise progressive devrait néanmoins être soutenue par un regain de la production d'or et de la production agricole. La finalisation d'importants projets d'infrastructures de transports et d'énergie, comme celui de la centrale hydroélectrique de Mount Coffee, et le lancement de projets retardés par l'épidémie, à l'image du démarrage des forages au large des côtes libériennes par ExxonMobil fin 2016, devraient participer à une relance des investissements privés.