Les Libériens votent aujourd'hui pour élire leur nouveau président lors d'un second tour qui oppose la légende du football et le seul africain à avoir remporté le «ballon d'or», George Weah, au vice-président sortant, Joseph Boakai. L'ex-star du PSG et du Milan AC part avec une confortable avance, lui qui a raflé 38,4% des voix lors du premier tour et qui a rallié plusieurs candidats battus. Mais face à ce favori, Joseph Boakai (28,8%) n'a pas totalement rendu les armes, même si ces derniers jours, sa campagne a nettement marqué le pas. Initialement prévu pour le 7 novembre, le second tour avait été suspendu par la Cour suprême après un recours du candidat arrivé à la troisième place. Les longues procédures juridiques ont accouché de quelques modifications du vote et de beaucoup d'inquiétude. Au Liberia, pays toujours marqué par les 15 années de guerre civile qui ont laissé 250 000 morts et un plus grand nombre encore traumatisés, les luttes pour le pouvoir réveillent toujours la peur du pire. À 51 ans, Weah reste très populaire auprès des jeunes. L'ascension sociale de ce gamin de Gibraltar, un bidonville de Monrovia, fait rêver. Cette extraction modeste résonne aussi auprès des électeurs avec son sang libérien, d'ethnie Kru, un groupe local. Au Liberia, dirigé depuis toujours - ou presque - par des familles d'origine américaino-libérienne, une élite issue d'esclaves américains affranchis, l'émergence d'un «native» est une révolution en soi. Que Joseph Boakai soit, certes, lui aussi un «local» n'y change rien. Le vice-président souffre de devoir justifier de ses années au pouvoir et de l'économie du pays qui ne se remet pas depuis les années de guerre. Près de 15 ans après la fin des combats, le Liberia reste ainsi l'un des Etats les moins bien électrifiés de l'Afrique. George Weah ne s'est cependant pas contenté de jouer sur ses origines ou sa carrière. Il affirme avoir appris de ses défaites précédentes aux présidentielles contre Ellen Johnson Sirleaf, la présidente sortante. Au fil des années, il a gonflé son CV, se faisant élire en 2014 sénateur de la province de Montserrado, la plus peuplée du pays. Même s'il brille surtout par ses absences dans l'hémicycle, ce mandat lui a offert une sorte de légitimité. Mais surtout, il a su nouer des alliances politiques pour renforcer son influence. Sa vice-présidente ne sera autre que Jewel Howard-Taylor, l'ex-femme de l'ancien chef de milice puis président Charles Taylor. Le dictateur sanglant, condamné à 50 ans de prison pour crimes contre l'humanité, reste curieusement populaire dans une partie de la population. Une union qui n'a rien de scandaleuse aux yeux de George Weah.