Obada Nasserddine, Directeur Général de Global Engines, importateur et distributeur exclusif de Hyundai au Maroc Les ECO : À quelques semaines de la fin d'année, quels commentaires faites-vous sur le marché du neuf globalement et sur les ventes de Hyundai en particulier ? Obada Nasserddine : Je pense que le marché du neuf va se clôturer cette année avec une hausse de 5%, ce qui n'est globalement pas loin du taux de croissance du PIB. Cela reste une hausse timide, mais suffisante à démontrer la dynamique du marché automobile, dont il faut rappeler qu'il est passé de la cinquième à la deuxième place à l'échelon africain (NDLR : juste derrière l'Afrique du Sud). Hyundai suit la tendance du marché en affichant un taux de croissance équivalent, voire supérieur dans certains segments. Qu'est-ce qui fait que les ventes de votre marque ont évolué légèrement moins que les années précédentes ? D'abord, il faut savoir qu'au Maroc, la gamme Hyundai ne couvre malheureusement pas tous les segments du marché et en particulier deux gros d'entre eux, à savoir celui de la citadine polyvalente (segment B) et celui du ludospace. Or, à eux seuls, ces deux segments réalisent près de 45% du marché. En outre, il ne faut pas oublier que notre gamme souffre d'iniquité tarifaire face à la concurrence européenne et nos modèles auraient pu profiter de prix encore plus compétitifs s'ils n'étaient pas grevés par les droits de douane très élevés. Justement, comment avez-vous accueilli l'annonce de la hausse des droits de douane telle qu'elle fut proposée sur le PLF de 2018 ? Comme vous le savez, il y a deux régimes d'importation au Maroc : celui dit régime commun et celui des accords de libre-échange. Or, le gap entre ces deux régimes est trop important puisqu'il est de 17,5%. Du coup, une éventuelle hausse de ces droits ne ferait qu'accentuer les difficultés que connaissent les importateurs de ce régime depuis 5 ans déjà et même précipiter le départ de certaines marques. Je vous rappelle qu'en moins de dix ans (NDLR : entre 2008 et 2016), pas moins de douze marques ont disparu du marché marocain et cela en bonne partie parce qu'elles ont perdu leur compétitivité tarifaire. Il est vrai que plusieurs importateurs de marques peuvent encore survivre en s'approvisionnant depuis des pays européens ou signataires d'accords de libre-échange, mais d'autres n'ont malheureusement pas ce privilège. Du coup, si cette proposition de loi prévoyant la hausse des droits de douane à 20% venait à être adoptée, elle ne fera que précipiter la mort de certaines marques et polariser encore plus le marché automobile marocain vers des marques strictement concernées par les accords de libre-échange. Or, je ne pense pas qu'une telle situation soit au profit du consommateur, qui doit garder le droit du choix et cela en vertu de notre économie qui est libérale et ouverte. Je pense aussi que notre gouvernement devrait se pencher sur notre secteur et se concerter avec ses professionnels afin de revoir ces droits de douane vers un taux plus équitable économiquement entre le régime à 0% et celui à 17,5%, à l'image de ce qui est pratiqué en Europe, c'est-à-dire un maximum de 10%. Par ailleurs, le fait d'annoncer une telle mesure correspond à un signal négatif envoyé aux investisseurs de ce secteur qui reste une activité très capitalistique en actif fixe et ressources humaines (NDLR : un point de vente automobile nécessite 45 MDH d'investissement et pas moins de 50 emplois). C'est dire combien les distributeurs automobile investissent lourdement dans le pays à travers des succursales avec des showrooms et des ateliers, etc. Du coup, la viabilité de leur entreprise ne devrait pas être perturbée par des incertitudes ou autres ambiguïtés qui pourraient menacer leur viabilité. Au contraire, les distributeurs ont besoin d'être rassurés. Pourquoi tardez-vous à lancer la Ioniq, votre voiture écologique ? La Ioniq est une vitrine technologique pour Hyundai. C'est une smart-car qui existe en 4 versions dites Hybrid, Hybrid Plug-in, Electric et Autonomous. En ce qui nous concerne, nous prévoyons de lancer ce modèle au courant du 1er trimestre 2018 et d'abord en version hybride, c'est-à-dire à 2 moteurs : l'un électrique, l'autre à essence avec un haut niveau technologique (NDLR : le 1.6 GDi recourt à l'injection directe d'essence). Du coup et parce que le constructeur met un point d'honneur sur la fiabilité de ses modèles, nous ne pouvions lancer la Ioniq sans son aval et les tests préalablement faits pour s'assurer de la qualité de nos carburants en termes d'indice d'octane et de taux de souffre. Et c'est précisément cela qui explique le retard de ce modèle.