Anne Vasara, Ambassadeur de Finlande au Maroc Le 6 décembre 2017, la Finlande célèbre sa centième fête de l'indépendance. Un centenaire déjà marqué par plusieurs événements qui ont, entre autres, montré que le Maroc a beaucoup à gagner en s'inspirant de ce pays qui a brillamment réussi sa transition énergétique. Comment ? Eclairage de l'ambassadeur de la République de Finlande au Maroc. Les Inspirations ECO : Le 6 décembre prochain marquera la célébration du centenaire de l'indépendance de la Finlande. Qu'est-ce qui est prévu au programme au Maroc ? Anne Vasara : Le 6 décembre, il y aura bien sûr la réception de la fête nationale, qui est une réception traditionnelle à travers laquelle nous faisons connaître les spécialités culinaires de la Finlande et d'autres facettes de notre culture, notamment pour montrer ce qu'est notre pays. Comme vous l'avez signalé, ce sera une fête qui clôturera une année faste où nous avons organisé plusieurs événements pour marquer le centenaire de l'indépendance de la Finlande. Lesquels ? Au début de 2017, une exposition de lithographies finlandaises était organisée dans les Villas des arts de Casablanca et de Rabat. Ensuite, il y a eu les Energy Days Morocco en mai dernier à Casablanca où nous avons mis en avant le savoir finlandais dans le domaine de l'énergie pour tisser des liens concrets et approfondis avec le Maroc au niveau officiel et entre les entreprises. Ici à l'Ambassade, nous avons organisé un grand pique-nique, baptisé Finnish Your Dinner au mois d'août. En septembre, à l'occasion du festival européen Jazz au Chellah, nous avons également organisé à la résidence un concert animé par le groupe finlandais Dalindèo qui était invité à ce festival. Dans le cadre du festival du film européen, qui se poursuit encore dans plusieurs villes marocaines, nous avons vu la projection du film «De l'autre côté de l'espoir» par le réalisateur finlandais Aki Kaurismaki, un film qui a remporté l'Ours d'argent au Festival de Berlin. En octobre, nous avons également organisé avec l'IIRS un forum maroco-finlandais des femmes à Marrakech sur le thème «Leaders pour un meilleur monde». Ici à Rabat, nous avons aussi organisé un séminaire académique avec le CERS sur les travaux du sociologue et anthropologue finlandais Edvard Westermarck qui a longtemps séjourné au Nord du Maroc où il a fait d'importantes études sur le Rif et les Rifains. Donc, comme vous le voyez, nous avons organisé plusieurs événements pour célébrer cette année 2017 marquant le centenaire de l'indépendance de la Finlande. L'année prochaine aussi, nous poursuivrons cette dynamique pour mieux faire connaître la Finlande et fructifier la bonne coopération entre nos deux pays. Que prévoyez-vous, par exemple ? Dès janvier prochain, une visite ministérielle accompagnée d'un important groupe d'hommes d'affaires finlandais aura lieu au Maroc pour trouver des pistes d'amélioration du niveau des échanges économiques et commerciaux entre nos deux pays. La visite et les entreprises participantes ciblent en particulier des thèmes d'actualité telles que l'efficacité énergétique, l'économie circulaire, la revalorisation et le traitement des déchets ainsi que le traitement et la gestion des eaux (usées et propres). Sinon que faut-il retenir de la coopération politique et économique entre la Finlande et le Maroc en 2017 ? Je peux dire que 2017 a été une bonne année en matière de coopération politique et économique entre la Finlande et le Maroc. Il y eu beaucoup de travail qui a été fait, comme des échanges entre ministres des deux pays lors de réunions internationales, sans oublier les échanges directs entre parlementaires. En 2016, la présidente du Parlement finlandais a fait un déplacement au Maroc et cette année le président de la Chambre marocaine des conseillers s'est rendu en Finlande. Au niveau commercial, déjà en 2016, nous avons vu les chiffres des échanges augmenter considérablement, ce qui témoigne concrètement d'une intensification des relations entre les deux pays. Actuellement, la Finlande affiche un intérêt grandissant pour le Maroc. Je suis très contente de cette situation et j'ai bon espoir que cet élan continuera mutuellement. Pourquoi dit-on que le Maroc a énormément à gagner à coopérer avec la Finlande dans le domaine des énergies renouvelables ? Parce que le Maroc est dans une situation comparable à celle de la Finlande d'il y a quelques années où notre pays s'est lancé le défi de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations d'énergie. Et dans ce cadre, nos pays sont certes différents, mais ont une approche similaire qui consiste à investir massivement dans la production d'énergies renouvelables. Actuellement, la Finlande a considérablement diminué sa dépendance vis-à-vis de ses importations d'énergies fossiles puisque la production d'énergies renouvelables représente 39% de son mix énergétique. Et l'objectif est de porter ce niveau à 50% à l'horizon 2030, ce qui est un niveau un peu plus modeste que celui du Maroc qui se situe à 52% à la même échéance. En matière d'énergie, la Finlande a été pionnière dans la production combinée d'électricité et de chauffage. Nous sommes également très forts dans le domaine de la bio-énergie où nous sommes parvenus à développer plusieurs solutions, comme par exemple la revalorisation en énergie de résidus de boues issues des industries ou projets d'assainissement liquide. Comme le Maroc, la Finlande est un pays dépourvu de ressources naturelles comme le pétrole. Le climat en Finlande a aussi toujours été très exigeant. Alors, notre pays a très tôt compris que sa richesse la plus importante, c'était ses ressources humaines. Alors, il a massivement investi dans l'éducation dont l'accès est ouvert à tous sans distinction. De plus, la Finlande est aujourd'hui un des pays au monde où l'investissement en matière de recherche-développement est l'un des plus élevés. En effet, grâce aux investissements consentis aussi bien par l'Etat que par les opérateurs privés, leur part dans le PIB se situe aujourd'hui à 4%. Ce qui fait que nous avons beaucoup d'innovations en Finlande. C'est simple, nous avons un esprit Silicon Valley qui plane dans les milieux de recherche et d'innovation, pour citer un des meilleurs exemples, la région de Vaasa située à environ 400 km d'Helsinki. Cette zone est devenue le plus grand écosystème en énergies dans toute la région nordique. Elle compte 140 entreprises, dont plusieurs sont des leaders sur le marché mondial, qui offrent différentes solutions techniques dans ce domaine. Cette zone est tellement dynamique et effervescente que même des multinationales étrangères ont choisi d'y installer leur unité de recherche-développement.