Le ministre de l'Industrie vient de lancer le système de labellisation du circuit de distribution des pièces de rechange automobiles. Une phase importante dans le processus d'assainissement du secteur, gangrené notamment par la contrefaçon. Le chemin à parcourir est encore long avant une restructuration complète du marché des pièces de rechange automobiles (PRA), estimé à 10 MMDH, mais une étape cruciale vient d'être franchie. Mercredi 8 novembre, le ministre de l'Industrie, Moulay Hafid Elalamy, a procédé au lancement du système de labellisation du circuit de distribution des PRA «Salamatouna» au siège de l'OMPIC à Casablanca. Une phase qui ouvre la voie à une meilleure organisation des opérateurs intervenant dans le circuit de distribution de la pièce de rechange, de la mise sur le marché à la consommation finale. Pour Elalamy, le mot d'ordre est la sécurité. «Ce label sera octroyé aux entreprises pour la qualité des pièces de rechange. Cette structure de labellisation est un moyen parmi d'autres pour protéger le secteur et le consommateur à la fois. Nous n'allons pas lésiner sur les moyens afin d'assainir ce secteur», a-t-il souligné. Après le textile, le secteur des pièces de rechange automobiles est le plus touché par la contrefaçon. Ce constat est d'autant plus exacerbé par l'informel, qui représente, selon les estimations, environ 30% du secteur (3 MMDH), quoique l'apport de ce dernier dans le secteur des PRA demeure difficile à cerner avec exactitude. De surcroît, ce secteur se caractérise par une grande désorganisation des circuits de distribution et de la mise sur le marché des produits contrefaits. Le lancement de Salamatouna devra donc contribuer à y mettre de l'ordre. Partenariat public/privé Ce nouveau label est le fruit d'une collaboration entre l'état et les opérateurs privés, menée par le Comité national pour la propriété industrielle et anti-contrefaçon (CONPIAC), lequel est présidé par le ministère de l'Industrie. Bien que cette initiative ait fait l'objet de larges concertations avec les acteurs de la distribution de la pièce de rechange, à savoir les industriels, les importateurs et les distributeurs, la cérémonie de lancement a mis à nu quelques dissensions au sein du secteur. En effet, plusieurs mesures de contrôle, entreprises par le ministère, ont fait des mécontents au sein des importateurs. Du côté du ministre, la réponse est claire: la sécurité passe avant tout. «La sécurité des citoyens est primordiale. Nous devons tous, ministère et opérateurs, travailler ensemble afin que nous puissions organiser ce secteur», a-t-il souligné. Marque collective Salamatanouna est une marque collective administrée, selon les règles d'usage, par l'Institut marocain de normalisation (Imanor). Les entreprises respectant les normes de traçabilité et de conformité de ses pièces commercialisées aux standards de qualité, seront dotées d'un droit d'usage du label. Et c'est le comité de labellisation, présidé par le ministère de l'Industrie, qui se chargera de le faire. Pour faciliter la tâche aux entreprises, l'ensemble du processus de labellisation est accessible à travers une plateforme digitale (www.salamatouna.ma), mise en place et administrée par l'OMPIC. Cette plateforme servira également d'espace de gestion, à travers lequel la recevabilité des demandes, les rapports d'audits, les contrôles et l'octroi du label sont traités par le comité de labellisation. En ce qui concerne les consommateurs, www.salamatouna.ma leur permettra de géolocaliser les fournisseurs labellisés dans tout le territoire national. Benacer Boulaâjoul, Directeur de la Commission nationale de la prévention des accidents de la circulation (CNPAC) C'est une initiative louable. Nous ne le rappelons jamais assez, une moyenne de 10 personnes décèdent dans des accidents de circulation au Maroc, sans compter le nombre des blessés, estimé à une centaine, quotidiennement. Les causes de ces accidents sont multiples, mais l'état du véhicule joue un rôle important dans la préservation de la sécurité des citoyens et c'est là où la qualité des pièces de rechange entre en jeu. Nous soutenons donc ce programme de labellisation pour différentes raisons. Tout d'abord, ce programme est en ligne avec la Stratégie nationale de sécurité routière 2017-2026, qui s'est fixée comme objectif la réduction de 25% du nombre de victimes des accidents de circulation, à l'horizon 2021, et de 50% à l'horizon 2026. Au cours des neuf premiers mois de cette année, nous avons réussi à réduire le nombre des décès dans les accidents de 2%, ce qui est très positif. Ce qui a permis de réaliser cette baisse, ce sont les axes sur lesquels cette stratégie se base. Elle englobe des éléments aussi importants que l'infrastructure, le comportement humain ou les véhicules. Et c'est dans ce dernier axe que s'inscrit le programme de labellisation».