Au Togo, les prévisions tablaient sur une croissance de 5,2% en 2017 mais la crise politique qui secoue le pays depuis plusieurs semaines risque de fausser les calculs si un accord n'est pas trouvé entre pouvoir et opposition. «La croissance togolaise devrait légèrement diminuer en 2017. L'activité demeure soutenue par le secteur primaire ainsi que par les services qui pèsent pour près de 50% dans le PIB». Telles étaient les prévisions de Coface en début d'années sur la fiche pays consacrée au Togo. Mais depuis juillet dernier, ce petit pays de l'Afrique de l'Ouest est embourbé dans une crise politique qui fait craindre le pire. En effet, depuis plusieurs semaines, l'opposition réclame des amendements constitutionnels limitant le mandat du président de la République à 5 ans renouvelables une seule fois comme c'était le cas dans la Constitution de 1992. Cette demande semble sur le point d'être accepté par le gouvernement de Faure Gnassingbé à la tête du pays 2005, suite à la mort de son père Gnassingbé Eyadema. Sauf que dans les détails, le quiproquo demeure entier. Le projet de révision constitutionnel proposé par le pouvoir ne mentionne pas qu'une personne élue à deux reprises à la magistrature suprême n'a pas le droit de se représenter à ce poste. Les partis réclament cette disposition qui, une fois introduite, pourrait disqualifier de facto l'actuel chef de l'Etat. Pis, certaines formations réclament le départ pur et simple de Faure Gnassingbé. Autant dire que si ces divergences persistent, la crise politique risque de s'aggraver. Une instabilité politique n'est pas à écarter, sachant que l'armée serait du côté du pouvoir. Risques sur le sommet de la CEDEAO Cette situation installe le doute et la crispation dans le pays, mais aussi dans la sous-région. Le Togo est par excellence une porte d'entrée pour l'hinterland ouest-africain. Sur le plan politique, son chef d'Etat est actuellement le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). La détérioration de la situation intérieure dans son pays ne sera pas sans impact sur la présidence de ce groupement régional confronté à de grands défis. D'ailleurs, le prochain sommet des chefs d'Etat de la CEDEAO est prévu à Lomé en décembre ! Si rien ne s'arrange, cette rencontre semestrielle risque d'être reportée, ou au moins délocalisée. Le premier Sommet Israël-Afrique prévu dans la capitale togolaise début octobre prochain a d'ores et déjà été reporté sine die. Economie Sur le plan économique pourtant, l'économie togolaise commençait à se montrer dynamique ces dernières années. Les taux de croissance jugés «robustes» se situaient au-delà de 5%. L'activité économique est portée, en partie, par les transports et le commerce international, malgré la concurrence des ports des pays voisins. Les projets d'investissements publics ayant pour objectif de doter le pays en infrastructures, constituent aussi un pilier majeur de l'économie. Pour ce faire, les autorités prévoient d'investir massivement dans les transports et les infrastructures énergétiques et d'intensifier les dépenses sociales. Les réformes structurelles portant sur les secteurs de l'énergie et de la finance devraient soutenir la croissance économique à l'avenir, mais à condition de retrouver l'accalmie. Fiche pays Togo Taille 7,3 millions de consommateurs Monnaie Franc CFA PIB/Hbt 570 dollars Croissance 5,2% (2015) Région économique UEMOA/CEDEAO Note Coface C Doing business 2017 154e/189 Bronca des députés de l'opposition à l'Assemblée Depuis plusieurs semaines, des rassemblements populaires massifs ont envahi les rues de la capitale togolaise, Lomé, ainsi que d'autres villes du pays, pour demander des réformes constitutionnelles, notamment une limitation des mandats présidentiels, un scrutin à deux tours et le départ du président Faure Gnassingbé. Le gouvernement avait alors annoncé qu'il soumettrait un projet de loi au Parlement, mais l'Assemblée n'a pas souhaité le proposer à l'ordre du jour de la session extraordinaire de la semaine dernière, assurant qu'il devait passer par une Commission spécialisée avant sa consultation par les députés. Dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi derniers, la coalition des partis d'opposition a accusé le régime en place de «s'enfermer dans un entêtement et dans la diversion comme il en a l'habitude». Cette coalition de 14 partis d'opposition espère retrouver l'engouement populaire, lors de deux nouvelles marches, les 20 et 21 septembre. En plus des projets de réforme, l'opposition demande désormais la démission du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, après avoir succédé à son père le général Gnassingbé Eyadéma, qui a régné durant 38 ans.