Les autorités chinoises ont décidé d'accélérer la restructuration des entreprises publiques, et ce en les transformant soit en sociétés à responsabilité limitée, soit en sociétés par actions, d'ici à la fin de l'année. Ce changement d'organisation doit ouvrir la voie à l'entrée d'acteurs privés dans le capital de ces entreprises d'Etat, afin d'améliorer leur gouvernance et leur modèle de gestion. La Chine a annoncé, mercredi dernier, vouloir accélérer la transformation de ses entreprises d'Etat en sociétés par action d'ici la fin de l'année. Et ce avec l'ambition de réformer ces géants publics qui pour la plupart déficitaires, sclérosés et représentant donc une menace pour l'économie chinoise. Il faut savoir que l'Etat possède et administre actuellement un grand nombre d'entreprises publiques dans des secteurs variant du nucléaire, la santé, l'acier ou encore l'aéronautique. À ce stade, environ 90% de ces entreprises ont déjà terminé cette métamorphose qui aura vocation à améliorer leur gouvernance et leur gestion, selon Pékin, qui ne précise pas si celles-ci seront ouvertes au capital privé ou si elles entreront en Bourse. Cependant, cette mutation aidera «à mettre en place un système d'entreprise moderne et à développer un mécanisme de gestion orienté plus vers le marché», précise le gouvernement. Il espère, à travers cette réforme, dynamiser ces mastodontes surendettés - surtout depuis la crise mondiale de 2008 - et les rendre capables de se mesurer à la concurrence internationale. Ce coup d'accélérateur intervient après des commentaires du président chinois Xi Jinping plus tôt en juillet. Il décrivait les entreprises étatiques comme un «fondement important du développement national» mais soulignait que leur restructuration était importante afin d'améliorer «leur vitalité, leur compétitivité et leur résistance aux risques». Le principal changement pour ces entreprises est certainement la création d'un conseil d'administration- sur le modèle des entreprises privées-, pour prendre les décisions importantes relatives aux embauches par exemple. Le gouvernement veut aussi promouvoir des tours de table mixtes, conjuguant capitaux privés et présence de l'Etat. Sauf que l'organisme chargé de gérer les participations de ce dernier exclut toute notion «erronée» telle que la «privatisation» ou encore la «dénationalisation». Les autorités, de leur côté, font face à la résistance de certaines entreprises. Elles font partie des plus gros employeurs du pays et constituent de puissants fiefs pour leurs dirigeants, soucieux de préserver leurs intérêts personnels. Or le mois dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a exhorté Pékin à supprimer le soutien aux entreprises publiques sous-performantes et aux «firmes zombies», qui ne survivent que grâce aux crédits des banques. Selon le Conseil des affaires d'Etat chinois, une centaine d'entreprises doivent encore mettre en place ces réformes. On compte environ 150.000 entreprises étatiques en Chine, sauf que les deux tiers sont contrôlées par des gouvernements locaux, de provinces ou de villes. Le dernier tiers est géré directement par l'Etat central. Et comme ce sont souvent des entreprises les plus stratégiques (énergie, télécoms, banques...), elles sont généralement mieux gérées. Par contre, si la dette totale chinoise s'élève à 280% du PIB, selon Moody's, les entreprises d'Etat sont à elles seules endettées à hauteur de 115 % du PIB, contre 45 % pour les entreprises privées. Le programme de restructuration s'annonce donc des plus dispendieux de l'histoire. Les autorités sont conscientes des risques associés à un tel chantier, et sont bien décidées à le mener à terme. En même temps, la stabilité du système financier et l'ouverture de l'économie et des marchés chinois sont d'autres priorités de Pékin. Dans le cadre des efforts du gouvernement chinois pour redynamiser les sociétés d'Etat, Pékin avait énoncé l'an dernier une première liste d'entreprises d'Etat devant adopter une structure capitalistique mixte, public-privé. Récemment, China Unicom, l'un des plus importants opérateurs de téléphonie mobile au monde de par le nombre de ses abonnés, connaitra une grande opération de «restructuration» dans les prochains jours. Le groupe -à travers sa filiale China United Network Communications cotée à Shanghai-, va recevoir un apport de capital d'environ 10 milliards de dollars de la part d'Alibaba Group Holdings, de Tencent et d'autres groupes. Aussi, la participation de Baidu, premier moteur de recherche en Chine, et de JD.com, numéro deux du commerce en ligne derrière Alibaba, permettra de porter l'investissement total dans cet opérateur télécoms à environ 11,8 milliards de dollars. De son côté, le gendarme boursier chinois a indiqué, mercredi, qu'il ouvrirait les marchés de capitaux à tout type d'investisseur, tout en encourageant surtout l'investissement institutionnel à long terme.