En réaction à l'adoption du décret relatif à la création de la commission nationale de lutte contre la corruption, Transparency Maroc a adressé une lettre au chef du gouvernement pour lui rappeler la non tenue de ses engagements envers la société civile. En voici des extraits : "Comme dans les cas précédents, le revirement de la position gouvernementale se révèle à l'occasion de la publication de décisions nettement en retrait avec les projets arrêtés en commun avec les différentes parties prenantes, au terme d'un long processus de concertation avec les premiers responsables gouvernementaux concernés. Comme toujours, on constate en même temps la rupture unilatérale de la démarche participative nécessaire à la réussite des projets, mais aussi une nette altération de l'esprit et des objectifs qui les animent. » Le bilan affligeant de l'action contre la corruption au cours des deux années écoulées depuis l'adoption de la stratégie nationale risque dans ces conditions de se proroger indéfiniment, à l'instar de celui du précédent plan d'action à moyen terme du gouvernement. La fermeture de cette instance aux représentants de la société civile, vient confirmer l'attitude similaire adoptée à l'occasion de la détermination de la composition et du mandat de l'Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption. Elle exprime une attitude de repli des pouvoirs publics à l'égard de la société civile au moment même où ils sont appelés à promouvoir la redevabilité sociale, la participation citoyenne et la gouvernance publique annoncées par la Constitution. « ...La défiance ainsi exprimée à l'égard des forces vives de la société, s'ajoute aux mesures d'interdiction de nombreuses activités citoyennes et de dénigrement de l'action des associations les plus engagées en matière de droits fondamentaux. Elle ne manque pas, en retour, d'accroître le discrédit au sein de l'opinion publique à propos de l'engagement des pouvoirs publics sur la voie de l'intégrité, fortement entamé par : 1. L'absence de reddition de comptes aux différents niveaux de l'Etat ; 2. l'extension des conflits d'intérêts des dirigeants en raison de l'impunité et de l'inexistence de tout mécanisme de prévention, d'information, de régulation et de sanction ; 3. l'inertie des pouvoirs publics à la suite des informations rendues publiques sur des malversations commises au Maroc ou à l'étranger et le zèle qu'ils manifestent pour dissuader et sanctionner les donneurs d'alerte, : 4. la poursuite de la dilapidation des biens publics et la création de rentes artificielles protégées par la négation du droit d'accès à l'information et le culte du secret administratif ; 5. la neutralisation de l'indépendance et des pouvoirs tant d'investigation que de poursuite de l'Instance de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption Depuis 2011, la revendication de la transparence, de la gouvernance publique et de la lutte contre la corruption vient en tête des mouvements sociaux tant organisés que spontanés, du nord du pays à son extrême sud. Les prémisses de réponses qu'elle appelle contrastent fortement avec les accommodements que les pouvoirs publics expriment à travers des institutions inefficientes et des sursis continus. Nous sommes dans le profond regret de vous le rappeler alors que vous venez à peine de vous engager sur la même voie"