Une conférence organisée par l'OCP Policy Center jette la lumière sur les facteurs d'un développement libéré des standards imposés. Le Maroc s'investit dans les problématiques de l'Union africaine depuis son retour en son sein, appuyant la réflexion sur les leviers d'intégration régionale. L'autonomie stratégique de l'Afrique est une problématique nouvelle dans un monde changeant. Dans un continent de 700 millions d'habitants où se joue l'avenir de la croissance mondiale, les rapports de l'Afrique avec le reste du monde constituent un sujet qui préoccupe les dirigeants. Comment voler de ses propres ailes alors que les fondamentaux de la gouvernance et de l'économie moderne en sont à leurs balbutiements? Comment se comprendre mutuellement et enterrer les conflits de leadership pour s'adresser d'une même voix aux partenaires du Nord? Enfin, quels sont les leviers financiers d'une gestion optimale de l'Union africaine, appelée à faire face à des défis de démocratisation encore plus pressants? Ces questions -et d'autres encore- ont fait l'objet de la Conférence annuelle de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique (APSACO) organisée par l'OCP Policy Center les 10 et 11 juillet à Rabat. Le thème retenu est «Union africaine (UA): quelles options pour une autonomie stratégique?», s'inspirant de cette réflexion même qui domine les débats au sein des institutions africaines et ailleurs. À plus forte raison que l'Union africaine réformée s'est aujourd'hui dotée d'un cadre institutionnel des dimensions préventives et curatives pour faire face aux défis du continent. Le rapport, fort en ton et en contenu, du président rwandais Paul Kagame sur l'Union africaine avait mis l'accent sur l'impératif de renforcer l'union sur la base d'un diagnostic critique de son fonctionnement. Pour accompagner cette dynamique d'échange constructif, cette conférence est la première que l'OCP Policy Center compte inscrire sur l'agenda africain comme rendez-vous annuel autour du système sécuritaire de l'UA. L'événement se tient au lendemain de la première participation effective du Maroc aux travaux de l'Union, ouvrant ainsi la voie à l'implication directe du royaume dans la prise de décisions concernant la paix, la sécurité et le développement humain du continent. D'entrée de jeu, Karim El Aynaoui (photo), directeur général de l'OCP Policy Center, a évoqué la création d'une plateforme ouverte pour un dialogue basé sur les faits. Un brassage d'idées qui va au plus profond des problématiques qui taraudent le continent comme la vulnérabilité de sa croissance et ses incohérences diplomatiques. Aujourd'hui, il n'y a pas d'autre option que celle de s'adapter ensemble, ou alors de disparaître de la scène mondiale. Innover, la clé du succès Dans son intervention, Mohamed Diane, ministre d'Etat auprès du président guinéen chargé de la Défense, a mis l'accent sur l'urgence d'explorer de nouvelles formes d'autonomie. Pour lui, la mondialisation n'est pas la panacée; il faut innover pour trouver un modèle de développement qui tienne compte des spécificités du continent: «il faut penser nos propres modèles de développement». Quant au financement de l'UA, le responsable a insisté sur le défi majeur qu'est l'applicabilité du prélèvement des 0,2% sur les importations des pays membres. Aujourd'hui, l'Afrique se trouve à la croisée des chemins avec des opportunités à saisir, à condition toutefois d'en faire bénéficier le maximum. Car la croissance qui semble élire domicile sur le continent doit profiter à tous, et surtout permettre l'émergence d'une classe moyenne. Sécurité alimentaire Si le premier panel de cette conférence de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique a porté sur l'autonomie stratégique, le deuxième n'en était pas moins important. Il ratisse un peu plus large en se saisissant de problématiques concrètes ayant trait aux principaux programmes africains tels que la vision minière africaine, ou encore l'Agenda 2063 qui vise à améliorer le commerce intra-régional. Selon les pronostics, ce dernier devrait générer des gains de productivité considérables pour le continent. Dans le contexte africain, de tels gains permettront d'améliorer la sécurité alimentaire globale en acheminant, à moindre coût, les produits alimentaires et agricoles des zones excédentaires vers les zones déficitaires.