Le 20e anniversaire du Festival Gnaoua Musique du Monde a rassemblé autour de la musique, des traditions et du bonheur des rencontres du 29 juin au 1er juillet. Le plus woodstock des festivals marocains devenu international a soufflé ses 20 bougies dans la joie, l'émotion et la bonne humeur. Récit, en texte et en images, d'une édition ensorcelée et ensorcelante... «On s'était dit rendez-vous dans 20 ans» aurait pu être murmuré ce samedi soir de clôture par le festival Gnaoua et Musique du Mondes qui a fêté ses 20 printemps du 29 juin au 1er juillet, dans une ambiance fraternelle fédératrice. Musiciens du monde, habitués du festival, amis de toutes éditions confondues sont venus fêter l'anniversaire du festival qui a ouvert le bal, jeudi soir, sur une note brésilienne et colorée. Le magnétique Carlinhos Brown percussionniste et chanteur donne un concert avec un supplément d'âme où il prouve que l'art de tagnaouite est la base de toutes les musiques du monde. Un spectacle bluffant né d'une résidence entre le musicien brésilien et les talentueux mâalems Said et Kouyou qui a permis la rencontre joyeuse et tant attendu du Maracatu avec son ancêtre le Karacatu. S'en suit une leçon de tagnaouite avec le charismatique Abdelkebir Marchane et ses musiciens avant d'être pris dans le tourbillon de folie et de nostalgie de Band of Gnawa réunis sur la scène qui les a vu naître après 10 ans. Initié par Loy Ehrlich, ex-directeur artistique du festival, le groupe accompagné des mâalems Said Boulhimas, Akram Sedkaoui, Jean-Philippe Rykiel, Eric Lohrer, Cyril Atel et Tao Ehrlich, a fait danser le public sur des morceaux rock-gnaoua fougueux qui rappellent les belles années Woodstock ! Pendant ce temps-là, sur la scène de la plage, mâalem Said Oughassal a ensorcelé avec sa subtilité rythmique en donnant un spectacle digne de la tradition ancestrale avec Ribab Fusion du magnétique Bohcine Foulane qui s'empare de la scène pour faire bouger le public sur les airs amazighs-country de son ribab. Le deuxième soir à la place Moulay Hassan, vendredi a commencé par les notes de piano incroyables de Bill Laurance incitateur du projet qui a fait le tour du monde : Snarky Puppy. L'homme aux 3 albums solo et aux multiples collaborations qui lui ont valu un Grammy Award a donné une belle leçon de jazz expérimentale pleine d'humilité avant de proposer une fusion pleine de fraîcheur avec le jeune Khalid Sansi. Le musicien anglais a été touché par l'accueil du public et le pouvoir de la musique tagnaouite, il a d'ailleurs tenu à assister au concert avec le public, de l'emblématique Hamid El Kasri qui a envoûté, comme à son habitude les festivaliers souiris. Avant cela, le Sénégalais, Ismael Lo a fait raisonner «Africa» depuis le berceau de l'Afrique en offrant un concert plein d'émotion où les frissons étaient au rendez-vous. Un vendredi à la place principal qui n'a rien eu à envier à la scène de la Plage qui a commencé par une Fusion 100% souirie du Maâlem Mokhtar Guinea & Mogador Band qui a su donner le ton à une soirée métissée qui a connu un moment fort de fusion grâce aux résultats de la résidence de Hassan Boussou & Hmadcha avec Aboubacar Kouyaté, Laurent Clipé, Alexandre Warnez et Yacou Daniel N'Guessan, avant de laisser la place à un concert habité et engagé de plus de deux heures, presque enragé du poète fou : Amazigh Kateb et son Gnawa Diffusion. Le chanteur a donné un spectacle humble et plein de cœur à un public multi-générationnel qui a dansé, pleuré et vibré aux tubes du groupe franco-algérien. Autre moment fort, celui de la scène pleine de charme de Bab Marrakech qui a proposé un concert plein de grâce avec la sulfureuse Hindi Zahra. Bravant le froid, le public a profité des succès de la chanteuse Jazz Indie Folk berbère qui a partagé un moment de scène avec l'enfant prodige du festival de Gnaoua : Mehdi Nassouli. Un Mehdi Nassouli qui avait ouvert le bal à la Place Moulay Hassan ce samedi soir de clôture avec son acolyte Titi Robin en offrant un voyage depuis l'Afrique jusqu'en Inde, aux côtés de Shubheb Hasan, Murad Ali Khan, Ze Luis Nascimento et Habib Meftah. Un concert coloré suivi d'une ambiance plus feutrée et venue tout droit du blues jazz du charismatique Lucky Peterson. Guitariste et pianiste, il a usé du charme de sa voix profonde pour mettre le public dans sa poche avant de proposer la fusion du Blues et de la Tagnaouite si évidente mais toujours troublante sublimé par le talent et la grande maîtrise technique de Maâlem Mustapha Baqbou. La clôture, de toute beauté, a été servie sur un plateau d'argent par le grand Carlhinos Brown qui a ouvert le bal jeudi soir. Histoire de boucler la boucle, il a fait danser sur les rythmes brésiliens, qui puisent leur force de l'Afrique. Un concert qui a pris tout son sens sur la terre d'Essaouira, berceau de l'humanité et capitale africaine ce weekend.