Une vingtaine d'années à l'actif d'un festival, cela se fête comme il se doit. «Cette 20ème édition est celle de la célébration», estime, mardi à Casablanca, Neïla Tazi, productrice du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, lors d'une conférence consacrée aux médias pour présenter les dessous de cette édition qui se tiendra du 29 juin au 1er juillet à Essaouira. Cet événement, dont le budget global s'élève à 15 millions de dirhams, propose des concerts dont le concept est né d'une volonté renouvelée de partage et de fusion. Ainsi, le blues légendaire de Lucky Peterson côtoiera le jazz aérien de Bill Laurance, les rythmes endiablés de Carlinhos Brown ou la voix pleine de sagesse d'Ismaël Lô. A leur tour, le Maâlem Abdeslam Alikane et Ray Lema, Loy Ehrlich et sa troupe haute en couleur de Band of Gnawa, outre Amazigh Kateb, Gnawa Diffusion, Speed Caravan, Hindi Zahra et Ribab Fusion seront de la partie. Et ce n'est pas tout ! Soucieux de créativité, le festival offre des spectacles originaux, à l'instar du mariage entre le soufisme indo-pakistanais et de la tagnaouite proposée par Titi Robin, ou du voyage de Guinée à Sidi Ali Ben Hamdouch créé par le Maâlem Hassan Boussou et ses compagnons. Cette programmation abonde, selon Karim Ziad et Abdeslam Alikane, directeurs artistiques de la manifestation, dans le sens de «la spécificité et du concept avant-gardiste du festival». «Créer des ponts entre les musiques du monde et rappeler l'universalité de la musique», enchaînent-ils à propos du concept unique du festival dont la spécificité, comme le rappelle M. Alikane, également président de l'association Yerma Gnaoua, est «la volonté de continuer à maintenir vivante la richesse du patrimoine gnaoui». Ainsi, les scènes du festival vibreront, comme à l'accoutumée, au son des crotales et des guembris. Le festival c'est aussi une occasion pour la réflexion. A ce propos, Driss El Yazami rappelle le plaisir d'avoir initié en 2012, en partenariat avec le Festival Gnaoua et Musiques du monde, le Forum d'Essaouira qui se tiendra sous le thème «Créativité et politiques culturelles à l'ère du numérique». Ceci étant, la rencontre avec la presse s'est également distinguée par le vibrant hommage rendu par Neïla Tazi à Feu Abdelhafid Chlyeh. Cet écrivain et ethno-psychologue marocain, qui était l'un des rares spécialistes des Gnaoua et l'un des fondateurs du Festival, à publier, entre autres, «Les Gnaoua du Maroc : itinéraires initiatiques, transe et possession». De quoi immortaliser cet art.