Dans l'entretien accordé à Al Oula et 2M, en co-animation avec «Les Inspirations ECO», le chef de gouvernement était notamment attendu sur trois dossiers: Al Hoceima, la lutte anti-prévarication et le régime de change du dirham. Dans cet entretien, Saad Eddine El Othmani a tantôt fait montre d'audace et tantôt de fuite en avant. L'homme a le mérite de reconnaître l'erreur de qualifier, par les dirigeants de la majorité, les manifestants de séparatistes. En revanche, il était évasif quant à la nécessité de libérer les manifestants pacifistes incarcérés. Par ailleurs, il a annoncé le report sine die de la mise en application de la flexibilité du dirham, tout en rassurant sur la fiabilité des mesures prises. S'agissant de la lutte anti-corruption et prévarication, le patron de l'Exécutif a sensibilisé le citoyen sur son rôle de dénonciateur, ajoutant que le parquet se saisit de toute information publiée dans la presse. Sur le terrain, aujourd'hui des citoyens qui ont dénoncé la gabegie à grande échelle, sur les réseaux sociaux, se trouvent en prison alors que le parquet n'a pas jugé utile d'«inquiéter» les personnes dénoncées ! Cela, alors que le parquet est sous la tutelle du ministre de la Justice, quelle sera la situation quand il sera totalement détaché de l'Exécutif ? La justice est la clé de voûte de l'émancipation de toute société, c'est pourquoi la moralisation de ce secteur ne se prête à aucun report. Le chef de gouvernement devra désormais s'imposer et taper sur la table s'il le faut, afin d'envoyer des messages clairs à l'opinion publique pour, justement, rétablir la confiance et la crédibilité des institutions. Le pays a grandement besoin d'un regain de sérénité à charge pour l'Exécutif d'imposer sa personnalité.