La construction de la première cimenterie hors du sol marocain est lancée. C'est Anas Sefrioui qui est derrière ce projet, et c'est la Côte d'Ivoire qui accueille cette première unité, tête de pont de quatre autres qui lui emboîteront le pas dans la même région. Par cet investissement de 30 millions d'euros, l'homme d'affaires vise bien plus que l'entrée dans le marché des cimenteries africaines. Le patron du groupe Addoha se dote ainsi des moyens indispensables pour se hisser en acteur majeur de l'immobilier en Afrique subsaharienne. Déjà, les vues d'Anas Sefrioui sur le potentiel africain, notamment en matière de logements économiques, ne sont pas un secret. Néanmoins, le dessein de Sefrioui se heurtait jusque-là à un obstacle de taille : l'approvisionnement en matières premières pour bâtir des unités résidentielles, béton en tête. «La capacité d'approvisionnement en béton est très limitée dans les pays ciblés, la Côte d'Ivoire ne compte par exemple qu'une seule cimenterie opérationnelle sur tout son territoire», confirme une source proche du dossier. Même constat dans les autres pays que vise Sefrioui que sont la Guinée-Conakry, la Guinée-Bissau, le Cameroun et le Burkina Faso. Dans chacun de ces pays, la capacité d'approvisionnement en béton serait insuffisante pour le déploiement de projets immobiliers à grande échelle. Et c'est dans ce sens que chacun de ces quatre autres pays devra être doté d'une cimenterie estampillée Cimaf, pour Cimenteries d'Afrique. «Les négociations sont très avancées en Guinée-Conakry, et devraient aboutir dans les semaines qui viennent», indique notre source. Stratégie gagnante ? Par ce processus de développement et de diversification, Sefrioui confirme sa stratégie d'intégration verticale des chaînons essentiels du secteur immobilier. Chose qui s'est d'ailleurs matérialisée au Maroc par le lancement des Cimenteries de l'Atlas. Pour ce qui est de cette épopée africaine, l'on sait d'ores et déjà que la totalité des productions des différentes unités sera destinée aux marchés locaux où elles sont implantées, et bien évidement en priorité aux projets portés par le groupe. «Les cimenteries permettront bien entendu d'assurer l'amont de l'activité», confirme un responsable. Lorsqu'on met sur la table les conditions géopolitiques dans lesquels baigne la région, il semble bien que cette stratégie consistant à contrôler l'approvisionnement est la plus opportune, ou du moins la moins risquée, car le risque politique est dans l'absolu non maîtrisable. Au moment où nous mettions sous presse d'ailleurs, l'essentiel de la garde rapprochée de Anas Sefrioui était sur place, à Abidjan, pour suivre de près le lancement du chantier et baliser le terrain pour les semaines à venir. Au sujet de la maîtrise du risque justement, aucune précision n'a été apportée jusque-là sur la prime de risque associée au financement de ce projet, dont 60% de l'apport est sous forme de dette auprès de banques marocaines.