L'édition 2017 du Symphos, évènement organisé par l'OCP tous les deux ans, donne la part belle à l'innovation et à la recherche scientifique. Le choix de l'Université Mohammed VI Polytechnique pour abriter les débats n'est pas anodin. Des débats de haute facture sont au menu de la quatrième édition du Symposium international sur l'innovation et la technologie dans l'industrie des phosphates (Symphos2017), ouverte hier à l'Université Mohammed VI polytechnique de Benguerir, sous le thème «Innovation to drive tomorrow's agriculture». Plus de 1.000 participants ont pris part à la séance inaugurale de ce rendez-vous biennal, organisé par l'OCP, qui a été marquée par l'intervention de Seeram Ramakrishna, l'un des meilleurs chercheurs influenceurs du monde scientifique, connu, entre autres, pour ses solutions innovantes en nanotechnologies notamment dans le domaine de l'industrie minière. Il dirige le centre de nanofibres et nanotechnologies à l'Université nationale de Singapour (NUS), la première université d'Asie et aussi classée 11e à l'échelle internationale. Membre de plusieurs académies scientifiques de renommée internationale (Royaume-Uni, Asean, USA, etc.), Ramakrishna a profité de son passage au Symphos pour louer les efforts entrepris par son pays à coup de milliards de dollars en vue de promouvoir l'innovation et la recherche, seule à même de tirer vers le haut le développement des nations. D'un simple village de pêche au milieu du siècle dernier, l Singapour, avec une population limitée à 5 millions d'habitants, trône aujourd'hui parmi les pays les plus innovants au monde. L'économie de cette cité-Etat du Sud-Est asiatique compte aujourd'hui plus de 200 entreprises qui réalisent chacune un chiffre d'affaires dépassant les 100 millions dollars. C'est aussi l'équivalent de 400 milliards de dollars de devises et aussi un trillion de dollars d'échanges avec l'extérieur. «Le capital humain se trouve au centre de tous les investissements. Le budget, affecté à la Recherche & Développement pour la période 2015 -2020, s'élève à 19 milliards de dollars. Nous voulons faire de Singapour un pays intelligent, particulièrement dans les domaines de la mobilité, du transport, de la logistique, etc.», poursuit l'invité du Symphos2017. Les autres niches d'innovation, sur lesquelles mise Singapour, relèvent de la robotique, des énergies renouvelables (le pays a lancé un vaste projet de construction d'une ferme solaire bâtie sur l'océan), de la gestion des déchets (en recherchant de nouveaux modèles à faible émission de carbone), de l'agriculture verticale (la surface du pays étant limitée à 700.000 m2), des câbles en fibre carbone, etc. Mais son projet à lui, celui qui le tient le plus à cœur, porte sur une pile batterie à coût très bas (12 dollars US le kilo, contre 30 aujourd'hui) développée grâce à la nanotechnologie. Le projet, dit-il, se trouve actuellement au stade de l'application, couronnant ainsi plusieurs années de recherche scientifique. «Les batteries durables ont un avenir radieux. D'ailleurs, les constructeurs de véhicules électriques, Tesla en particulier, sont devenus des entreprises de fabrication de batteries électriques», ironise Ramakrishna. Quant au Maroc, sans prétendre connaître la situation actuelle de l'innovation et de la recherche, Ramakrishna estime que le pays peut mieux faire et que le minimum serait d'allouer 2 à 3% du PIB à la recherche scientifique. Les travaux du Symphos2017 se poursuivent jusqu'au mercredi 10 mai, avec un programme riche et varié, alliant sessions plénières, conférences, ateliers et réunions B to B. Un menu qui couvre tous les domaines du secteur : géologie et méthodes d'extraction des phosphates, enrichissement et manutentions du phosphate, fabrication et traitement d'acide sulfurique, fabrication des engrais, hygiène et sécurité, gestion industrielle, prévention de la corrosion et ingénierie des matériaux, etc. Par ailleurs, plus de 100 exposants venus des quatre coins du monde animent un salon organisé en marge du symposium, réservé aux dernières technologies industrielles innovantes gravitant autour du secteur des phosphates.