Riad Motors va livrer 65 camions aux transporteurs sénégalais, après les 73 unités fournies l'année dernière. Ces livraisons entrent dans le cadre du contrat de renouvellement de 3 000 gros-porteurs conclus avec l'Etat du Sénégal. Tout début est difficile. Riad Motors avait déjà livré, il y a plus d'un an, 73 unités dans la phase pilote du programme de renouvellement des gros-porteurs, qui concerne au total 3.000 camions. Pour la seconde phase, 65 autres unités sont déjà assemblées et n'attendent que les formalités pour être acheminées au Sénégal, informe Mbargou Badiane, président de la Coopérative nationale des entreprises de transport de marchandises du Sénégal (CNETM) et promoteur du projet. Il revient du Maroc dans le cadre d'une mission économique organisée par la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Dakar (CCIAD). Conformément au partenariat public-privé (PPP) noué entre Riad Motors, la CNETM et le ministère sénégalais des transports terrestres, la holding marocaine va fournir 800 camions gros porteurs de marque Sinotruck, d'une valeur de plus de 381 millions d'euros à la CNETM d'ici 2020. Pour pouvoir servir au mieux l'intérêt des transporteurs sénégalais, l'accompagnement de Riad Motors ne se limitera pas à la fourniture de véhicules et d'équipements. «Nous nous engageons sur le démarrage de la construction d'une unité de montage de camions d'un coût de 9 millions d'euros au Sénégal», avait promis Michel Riad Sahyoun, PDG de Riad Motors lors du lancement du projet le 6 février 2016 à Dakar. Des retards Toutefois, le projet a accusé du retard. «Nous avons eu des difficultés administratives et juridiques au départ qui nous ont fait perdre beaucoup de temps, presque un an», regrette Mbargou Badiane. Avec ces difficultés, la Banque nationale de développement économique (BNDE), qui avait accepté de financer le projet à hauteur de 5,2 milliards de FCFA (près de 8 millions d'euros) avait commencé à perdre patience. C'est seulement en décembre 2016 que les 73 camions livrés depuis février 2016 ont été remis à leurs bénéficiaires. Problème. À cause de ce retard, le prix initial des véhicules, qui était «intéressant», a été revu à la hausse : presque un surplus de 2.290 euros par véhicule et par an. «Nous avons dû contracter un prêt pour payer l'assurance-risque. On devait avoir six mois de différé pour commencer à rembourser la banque, mais comme nous avons perdu un an, la BNDE nous a demandé de commencer les versements aussitôt après la livraison des camions aux transporteurs», explique Badiane, promettant toutefois de trouver la meilleure formule pour rendre le prix supportable aux transporteurs. Concurrence chinoise Si Riad Motors est chargée de livrer les 800 premières unités, le renouvellement des 3.000 gros-porteurs n'implique pas uniquement les Marocains. Les Chinois aussi sont positionnés sur ce marché lucratif. L'Etat du Sénégal a déjà engagé des discussions avec Pékin dans ce sens pour la fourniture de 2.200 unités (1.050 dans la première phase). Le financement devrait être assuré par Eximbank Chine. v«Avec les Marocains, c'est un PPP. L'Etat ne fait que nous accompagner. C'est pourquoi ça a évolué plus vite. En revanche, avec les Chinois, la procédure est beaucoup plus complexe. C'est pourquoi, il y a des lenteurs», explique Mbargou Badiane, également impliqué dans ce programme. En décidant d'installer une chaîne de montage au Sénégal, Riad Motors vise aussi le marché de la sous-région. S'étalant sur cinq ans, son projet prévoit, en plus de la chaîne de montage, la construction de huit points de services après-vente (dont six seront implantés au Sénégal, les deux autres au Mali), le transfert de technologie et la formation des chauffeurs, des mécaniciens, des électriciens qui travailleront dans l'usine. Bref, une présence sur la durée. Mbargou Badiane Président de la Cnetm Les Inspirations ECO : Vous étiez de la mission économique (14-18 mars) organisée par la CCIAD à Casablanca. Quelles sont les retombées de cette mission en ce qui concerne ce projet ? Mbargou Badiane : Nous avons visité l'unité de montage de Riad Motors au Maroc. Les 65 véhicules pour la deuxième phase sont déjà prêts et devraient être acheminés au Sénégal courant avril 2017. On attend que le déblocage des financements par la banque. Ce que je peux dire, c'est qu'il n'y aura pas de temps à perdre. Ces véhicules seront automatiquement remis aux transporteurs. Riad Motors s'était engagé à installer une unité de montage au Sénégal. Est-ce toujours d'actualité ? C'est toujours d'actualité. Le programme de renouvellement des gros-porteurs concerne 3.000 véhicules. On avait décidé d'importer les 800 à partir du Maroc, sur suggestion du président Macky Sall et ensuite installer une unité de montage au Sénégal. S'il plaît à Dieu, le 801e véhicule sera monté au Sénégal. Sentez-vous toujours l'appui des autorités sénégalaises dans ce projet ? L'Etat soutient ce projet pour rendre plus compétitif le port de Dakar. À partir du moment où nous avions des véhicules neufs avec une grande capacité, nous avons commencé à récupérer les parts de marché (pour le transport de marchandises) qui étaient essentiellement aux mains de nos voisins maliens. Avec la livraison des 800 véhicules promis par Riad Motors, nous pourrons récupérer entre 60% et 80% de ce marché.