À quelques semaines des élections législatives, le souverain s'est rendu en voyage privé en France, pour ce qui est désormais devenu un séjour «habituel» avant des échéances électorales. Ainsi, lors du dernier référendum constitutionnel, soucieux de laisser les acteurs politiques prendre à bras le corps le sujet et assumer l'animation de la campagne, le roi Mohammed VI avait déjà effectué un séjour à l'étranger. Parce que le souverain sait que l'opinion marocaine est souvent prédisposée à «interpréter» les activités royales à l'aube des scrutins, il semblerait que le roi Mohammed VI ait souhaité-une fois encore- laisser le champ libre aux partis politiques en leur réitérant son positionnement non-partisan ainsi que sa volonté de préserver les équilibres fondamentaux du royaume. Et c'est là un point majeur, car au delà des commentaires des médias, loin du bruit des élections législatives, des petits desseins et de leurs arbitrages politiciens, l'institution monarchique garde en effet aux yeux des citoyens son statut de socle inamovible du Maroc, seule garante de son indépendance et de sa spécificité. Là encore, il semblerait que le souverain a pris soin de ne blesser aucun acteur politique en agissant avec subtilité, comptant sur le talent de décryptage des Marocains pour comprendre toute la force de la missive qu'il souhaite leur adresser. C'est aussi un message, décodé cette fois-ci, à l'égard des autorités pour assurer tous les intervenants, les partis en tête, de sa parfaite neutralité positive et de sa détermination à faire de ce scrutin une fête démocratique. Il faut dire aussi que le souverain sait qu'il peut compter sur le lien particulier qui l'unit à son peuple, cette alchimie qui fait que le silence en dit parfois beaucoup plus long que les discours.