Abderrahmane Sarroud, président de la Chambre des pêches maritimes de l'Atlantique Centre Agadir Le PDR sera approuvé prochainement, quel regard portez-vous sur cette feuille de route ? Le PDR a pris en considération toutes les recommandations des professionnels de la pêche maritime dans le cadre de trois réunions de concertation. Effectivement, on a mis l'accent sur les axes de développement issus de la visibilité accordée par la stratégie Halieutis qui est arrivée à un taux de concrétisation de 80% avant l'échéance de 2020. Partant de ce constat, la région dispose de plusieurs atouts, notamment les infrastructures portuaires, mais aussi une flotte régionale importante. En effet, le segment hauturier représente 80% de la flotte nationale alors que le côtier et l'artisanal représentent respectivement 25 et 15%. Il faut savoir aussi que la pêche est le 1er moteur de croissance régional puisqu'elle participe à 45% du PIB régional. Dans le cadre du PDR, l'aquaculture et l'industrie navale sont les deux activités qui ont été identifiées pour redynamiser notre secteur. Est-ce que ces deux activités sont en mesure de redynamiser le secteur de la pêche ? Pour l'aquaculture, 5 grands projets seront réalisés au niveau de la région avec une production de 120.000 tonnes par an. Pour réactiver rapidement ces projets, l'ANDA a proposé dans son dernier conseil d'administration, de diviser le plan aquacole régional sur deux phases. La 1re phase qui garantira 35% de la production, soit 50.000 tonnes, elle sera bientôt disponible puisqu'elle est en phase finale alors que la 2e phase sera bouclée. La seconde activité, quant à elle, est relative à la réalisation du complexe naval. En effet, notre région dispose des infrastructures nécessaires et d'un savoir-faire accumulé depuis des années. C'est pourquoi la vocation de cette plateforme sera consacrée à la construction de navires, à la vente de moteurs et d'équipements technologiques de pêche. Quel serait l'emplacement de ce complexe naval ? C'est un projet en cours d'étude, mais en principe ce projet doit être réalisé à l'intérieur du port pour une meilleure proximité de l'industrie où à l'extérieur du port avec un accès dédié. Pourquoi le chantier naval a émis énormément de retard au niveau de la région ? Cette activité fait partie des prérogatives de l'ANP qui lance les appels d'offres (AO). Au niveau de notre région, ça fait plus de 7 ans qu'on parle de ce projet et lors de chaque réunion officielle, on le soulève. Plusieurs AO ont été lancés, mais ils sont voués à l'échec dont le dernier, adjugé à une société marocaine qui est actuellement en liquidation judiciaire. C'est pourquoi, le ministère de l'Equipement, qui est responsable de ce chantier, doit trouver une solution urgente à ce projet. Deux options du port sont actuellement à l'ordre du jour. Lesquelles de ses options préférez-vous ? La profession a insisté sur la conservation des trois activités au sein du port. Il s'agit de la pêche, l'export et le tourisme. Bien évidemment, l'activité la plus importante est la pêche maritime qui emploie 30.000 personnes. Au sein de notre profession, l'essentiel est de réorganiser le port actuel avec des extensions en fonction des besoins. De surcroît, on a recommandé au cabinet, chargé de l'étude, de séparer la flotte de pêche puisque chaque segment à ses besoins en termes de gasoil, de glaces, de décharge des produits et bien d'autres. S'agissant de la partie dédiée à l'export, elle doit être consacrée à ce volet avec des options d'extension en plus d'un quai à la marina pour le tourisme de plaisance. Quelles sont les anomalies qui pénalisent encore le fonctionnement du port d'Agadir ? Il s'agit de la concentration de la flotte dans la même zone, ce qui cause des dégâts avec des conditions difficiles de travail en plus des conflits entre armateurs et mareyeurs et l'amortissement des infrastructures portuaires. À cela s'ajoute la dégradation des services après la concession de la mission de l'ANP à l'ONP dans le cadre de Gobal Operator et la problématique des accès au port. Agadir Haliopole a réalisé un audit énergétique de la flotte régionale de pêche. Est-ce que la profession est consciente de la nécessité de limiter les coûts énergétiques afin de gagner en compétitivité ? Cette étude a été réalisée en partenariat avec la Chambre de pêche maritime. Actuellement, le gasoil représente 50% du coût de la production et nous avions édité un guide de bonnes pratiques pour réduire cette consommation. Cependant, pour rendre pratique ce guide, le volet formation doit suivre avec l'ISPM en faveur des ressources humaines, notamment les mécaniciens.