Quatre appels d'offres (AO) lancés et aucun résultat... Le chantier naval au port d'Agadir est mal parti. Lancé en mars 2011, par l'Agence nationale des ports (ANP), le dernier appel d'offres, qui a suscité beaucoup d'espoir chez les professionnels de la pêche, a connu le même sort que ses prédécesseurs. Est-ce en raison d'un cahier des charges draconien ou d'une réticence des investisseurs ? Les avis sont mitigés. Pour certains, aucun prétendant sérieux ne s'est présenté à cause des conditions d'éligibilité drastiques. C'est ce qui explique le non-aboutissement de l'AO pour la quatrième fois consécutive. Pour d'autres, le dernier cahier des charges a été allégé par rapport aux autres documents, en vue de permettre aux soumissionnaires de participer dans des conditions favorables. Toutefois, il se trouvait toujours cette réserve de la part des investisseurs, puisque les tarifs et la concession étaient qualifiés d'exorbitants, notamment en termes de redevances forfaitaires et fixes. C'est ce qui laisse entrevoir le lancement prochain d'un cinquième appel d'offres ouvert. Risques «La darse dans sa configuration actuelle est dans un état déplorable. Elle est mal équipée et pose des problèmes, tant au niveau du retard accusé pour l'accostage et la réparation des bateaux, qu'a celui du carénage», souligne Abderrahmane Sarroud, président de la Chambre de la pêche maritime de l'Atlantique-Centre d'Agadir. À l'heure actuelle, le besoin en chantier naval est énorme à l'échelon du port d'Agadir, qui abrite la 1e flotte au niveau national avec 250 bateaux hauturiers, 600 côtiers et 800 barques artisanales, nécessitant un entretien régulier d'une fréquence semestrielle. Or, avec la cale actuelle ayant une capacité inférieure à 72 bateaux, il faudrait au moins 4 ans pour pouvoir effectuer les travaux d'entretien à terre, si on prend en considération le nombre de mouvements estimé de 5 à 6 mouvements par mois. De l'avis d'un autre professionnel, même si l'opération est permanente pour le segment côtier, la demande sur le chantier naval connaît son pic essentiellement après la rentrée des bateaux durant les deux périodes de repos (printanier et automnal) et lors des différentes fêtes. D'où la nécessité d'organiser correctement l'opération par segment, sachant que, chaque année, le port enregistre des cas réguliers de naufrage. Chiffes à l'appui, l'année dernière, 3 bateaux ont péri contre le quai du port, et la moyenne est égale à deux échecs par an. Par ailleurs, l'opérationnalisation de la darse permettra de fluidifier et de décongestionner la circulation à proximité de l'actuelle halle aux poissons, mais aussi de libérer les différents espaces de réparation qui sont éparpillés dans le port de la capitale du Souss. De surcroît, la nécessité de développer ce créneau à forte valeur ajoutée s'impose, et ce, de façon à ce que les enceintes portuaires, notamment celle d'Agadir, soient une plaque tournante en la matière, puisque le chantier naval est avant tout une industrie porteuse de croissance, mais aussi un savoir-faire ancré dans le patrimoine maritime marocain. Il y a lieu de signaler aussi que le triangle de la pêche s'étale sur 13 ha au port d'Agadir et qu'il se compose essentiellement de la darse, du quai et du terre-plein. De l'avis des professionnels, la contrainte se pose principalement au niveau de l'installation du matériel, notamment de l'élévateur à sangles et de quatre rails d'une longueur de 120 m2 pour le hissage et la descente des bateaux afin de réaliser les travaux de carénage, effectués généralement en cale sèche. Manque à gagner Le montant moyen de l'entretien d'un bateau est fixé entre 8.000 et 10.000 DH par mois. Même si le port d'Agadir dispose de tous les services techniques pour renforcer le chantier naval, la faiblesse des infrastructures pousse les armateurs à opter pour d'autres ports afin de réparer et d'entretenir leurs bateaux. Ce qui constitue un manque à gagner pour la ville d'Agadir. L'actuel chantier effectue six réparations par an. L'installation d'une nouvelle infrastructure permettra d'effectuer plus de 60 réparations par mois. Ce qui garantira un entretien à la fois permanent et organisé pour assurer d'un côté les normes de la sécurité des bateaux et d'améliorer les conditions de travail à bord de ceux-ci.