Cette fois-ci serait-elle la bonne pour le programme «Ibhar» ? Les professionnels de la pêche gadiris sont optimistes, mais demeurent tout de même alertes. En effet, si la première phase du programme a connu une série de dysfonctionnements lors de son exécution, la deuxième promet une réussite, à l'issue de son opérationnalisation, il y a une semaine. L'implication des professionnels, via la Chambre des pêches maritimes de l'Atlantique centre à Agadir, semble porter ses fruits, avec le nombre d'adhésions enregistrées jusqu'a présent. «Nous avons reçu plus de 100 requêtes pour la mise à niveau des barques appartenant au segment artisanal et nous disposons de 10 demandes relevant de la pêche côtière», déclare Abderrahmane Sarroud, président de la Chambre. Le programme «Ibhar 2» prévoit la mise à niveau de 10.600 barques et de 1.270 navires côtiers au niveau national. La part à l'échelon régional est estimée à 2.000 barques et 300 navires. Pour ce qui est de la modernisation de la flotte côtière, il s'agit de remplacer 389 navires côtiers par des unités modernes. De l'avis de Abdelfattah Zine, président de l'Union régionale Souss-Massa-Drâa de la CGEM, «la seule remarque relevée est relative aux bateaux construits en 2009 et qui doivent impérativement intégrer le programme pour bénéficier des subventions». En effet, si la plupart de ces bateaux étaient construits en bois, la question qui se pose actuellement est de savoir si leur produit sera acheminé vers le marché international. «Nous sommes signataires de conventions et nous avons des directives européennes. Les bateaux doivent obéir à des critères d'hygiène, de sécurité et de qualité qui sont opposables à notre flotte. D'où l'intégration de ces navires dans le programme, sinon leur produit n'accédera pas au marché d'ici 5 ans» explique Abdelfattah Zine. Actuellement, la Chambre des pêches reçoit ces dossiers, mais à défaut de remplir les critères nécessaires, ils ne sont pas traités. C'est la raison pour laquelle les acteurs concernés doivent réagir rectifier le tir. L'autre inquiétude manifestée par les professionnels est relative à la rentabilité de l'investissement, dans le cadre du programme «Ibhar 2», surtout dans un contexte d'effondrement de la ressource, mais aussi de régression des quantités débarquées et de renchérissement du prix de gasoil. En effet, la production halieutique a reculé de 32% au terme des sept premiers mois de 2011 et ce sont les segments de la pêche côtière et artisanale qui ont été touchés (33%). «Nous voulons moderniser la flotte, mais à quelle finalité faudrait-il la renouveler ?», s'interroge Abdelfattah Zine. Il poursuit: «Le processus s'est effectué ces dernières années de façon individuelle de la part des armateurs et aujourd'hui, il s'agit de savoir si on continuera dans la même voie en augmentant la capacité de la flotte ou s'il faut affiner la démarche pour sortir d'un plan de modernisation qui apaisera la pression sur la ressource, tout en améliorant les conditions de travail des pêcheurs». Le problème en question a été évoqué dans le cadre de l'atelier de la FAO sur l'approche éco-systémique de la pêche maritime, tenu actuellement dans le chef lieu du Souss. Le constat dressé par les experts de cet organisme demeure la nécessité de réduction de la capacité de la flotte marocaine à hauteur de 40%. Qualifiée de surdimensionnée, cette flotte a besoin de se redéployer pour accorder plus de perspectives de durabilité aux pêcheries.