Le Festival international du film de Berlin a démarré sur les chapeaux de roues, jeudi 9 février. Programmation engagée politiquement, la 67e édition du méga- festival de cinéma a offert une ouverture pleine de sens, de réflexions et d'émotions tout en laissant une place au rêve. Pour donner le ton à cette 67e édition de la Berlinale, l'ouverture de la compétition ne s'est pas faite sans moments forts. À midi, jeudi 9 février, le festival faisait une levée de rideaux en musique avec le biopic de Django Reinhardt : «Django» d'Etienne Comar. Une compétition engagée La 67e édition du Festival international du film de Berlin s'imprègne du malaise mondial et met en avant des films engagés. Le film français de Etienne Comar, «Django», raconte deux années sombres (1943-1945) du musicien de génie, où il a fait face au génocide tzigane, son peuple, dont on parle peu dans les livres d'histoire. Un biopic poignant sublimé par une interprétation à couper le souffle d'un Reda Kateb qui ne joue pas, mais qui incarne. L'acteur n'imite pas le musicien, il le comprend et livre un jeu juste, émouvant et saisissant. Dans la même lignée, «The Dinner» de Oren Moverman, où Richard Gere, Rebecca Hall, Laura Linney, Steve Coogan partagent un dîner mondain, révèle le malaise d'une société américaine «trumpienne». Pourtant le réalisateur avoue en conférence de presse que le film a été écrit et tourné avant que «l'imaginable ne se produise», faisant référence au Muslim Ban. Lors de la même conférence de presse, Richard Gere lancera même: «Si Donald Trump m'invite à dîner, je n'irai pas !». Même le film britannique «Trainspotting 2» de Dany Boyle, qui livre une suite décapante d'un premier opus sorti il y a 21 ans, laisse un Ewan McGregor toujours aussi juste critiquer la société dans laquelle on vote aujourd'hui, avec un clin d'œil au 11 septembre 2001. «Quel mensonge que ce 11 septembre», lancera le réalisateur. Entre Orient et Occident Face au chaos dénoncé dans les films en compétition, l'espoir de se réunir, de se rencontrer est encore plus important. Telle est l'essence même de l'incitative «Film prize dinner» de Robert Bosch. Ce programme finance des résidences cinématographiques afin de permettre à des Allemands de rencontrer des cinéastes arabes pour travailler ensemble. «Tous les ans, un grand nombre de candidats soumettent leurs histoires dans l'espoir que leur court métrage ou leur documentaire soit réalisé et produit par des Allemands», confie un des candidats venu d'Irak. Jordaniens, Egyptiens, Syriens se retrouvent à Aman pour rencontrer des producteurs et réalisateurs allemands que la Berlinale a fait venir pour l'occasion. Des résidences de réécriture et des séances de travail sont organisées afin de donner naissance à des projets binationaux, raconter les histoires des pays arabes à travers le monde et jeter un pont entre l'Orient et l'Occident. «Cette initiative est encore plus importante et a plus de sens et de poids, aujourd'hui, avec le Muslim Ban». Une forte allusion à la politique de Trump pointée du doigt par la Berlinale 2017.