La poignée de main entre le roi Mohammed VI et le président du Nigeria est l'oeuvre d'une symbolique qui mérite décryptage et analyse car il s'agit de la première puissance africaine en termes démographique et économique, avec ses 186 millions d'habitants et ses 500 milliards de dollars de PIB ; le Maroc ne pouvait continuer à ignorer ce pays qui compte beaucoup sur le continent et qui constitue, avec l'Afrique du Sud, le pilier de l'axe pro-séparatistes. Depuis longtemps, le Nigeria a tiré dans son sillage, de par sa suprématie économique, pratiquement l'ensemble des pays anglophones sans que le Maroc ne fasse le moindre geste pour se rapprocher de ces pays et essayer de remodeler ses positions. Aujourd'hui, le premier pas est fait sur un tapis économique certes important mais pas décisif. Dans ce genre de relations bilatérales, il ne faut être ni prétentieux, ni naïf. Il faut admettre une montée crescendo dans la chaleur des lignes à baliser entre Rabat et Abuja. La carte économique win-win est très intelligente, surtout si elle est accompagnée d'une patience politique, et des projets comme le gazoduc de Lagos à Tanger sont de nature à contribuer tôt ou tard à un rapprochement car, il faut bien se rendre à l'évidence, le business a largement pris le dessus sur des alliances reposant jadis soit sur des rapprochements idéologiques ou sur de la corruption d'Etat à Etat. C'est dire que l'année 2017 sera décisive dans le repositionnement du Maroc en Afrique et cela passe inéluctablement par l'Afrique anglophone. L'étape du sommet de l'UA au Tchad, dans un mois, sera un autre exercice pour la diplomatie marocaine.