La sortie du Maroc de l'Organisation de l'unité africaine (l'ancêtre de l'actuelle Union africaine) est toujours l'objet de diverses appréciations. Alors que les uns y voient une décision souveraine justifiée, d'autres continuent de penser que ce choix handicape le Maroc dans le processus décisionnel au niveau continental. À y voir de plus près, tous ont raison. Seulement, la sortie du royaume de l'instance panafricaine n'empêche aujourd'hui nullement la présence du Maroc sur la scène politique, diplomatique et économique au niveau continental. En parallèle, la diplomatie marocaine s'active, depuis près d'une décennie à se rapprocher des groupements économiques régionaux à l'instar de la CEDEAO. En d'autres termes, le Maroc essaie de rattraper son absence au sein de l'UA par la promotion de plusieurs initiatives bilatérales et multilatérales. C'est dans ce sillage que l'on comprend aisément l'évocation de l'idée d'un espace «afro-atlantique», allant de Tanger au Cap de Bonne espérance en Afrique du Sud. Ce projet est censé repositionner le royaume au cœur de l'initiative africaine dans divers domaines. Le projet est certes évoqué depuis 2009, mais il tarde à prendre forme. Parmi les obstacles à sa naissance, le manque de soutien de deux puissances anglophones riveraines de l'Atlantique, à savoir le Nigéria et l'Afrique du Sud. Comme à l'Union africaine, certains pays anglophones ne cachent pas leur opposition systématique au Maroc. D'où l'intérêt d'ouvrir enfin un dialogue direct et franc avec cette Afrique anglophone souvent qualifiée de pragmatique.