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Smart city : Comment réussir la transition numérique et écologique de nos villes ?
Publié dans Les ECO le 01 - 12 - 2016

Partout dans le monde, les territoires urbains doivent aujourd'hui faire face à de grands défis liés à leur croissance extrêmement rapide, pour répondre aux besoins et attentes de leurs habitants : combattre l'exclusion sociale, faire reculer la pauvreté, lutter contre le développement de l'habitat insalubre, favoriser l'accès équitable aux services de base qui améliorent le quotidien des citoyens, créer de l'emploi et de la valeur, s'adapter au changement climatique, faire face aux événements climatiques extrêmes récurrents, etc. À cela s'ajoutent les défaillances notables de gestion et les dysfonctionnements qui en résultent en termes de planification, de capacité de maîtrise d'ouvrage et de moyens financiers.
Autant de facteurs qui handicapent de façon notoire la productivité et la compétitivité des économies urbaines. Les villes se mesurent désormais au niveau des investissements ayant vocation de renforcement de la résilience, y compris ceux qui appuient la planification sobre en carbone et qui garantissent les services de qualité aux différents opérateurs urbains, tout en réalisant des économies budgétaires via la réduction des coûts de gestion urbaine, en augmentant leur performance financière et en améliorant leur cohésion économique et sociale, dans un cadre de partenariat multi-acteurs. L'enjeu est donc tout autant social qu'économique, technologique et environnemental, les villes doivent se mobiliser pour que la mise en perspective du développement urbain soit en phase avec les ambitions d'une croissance économique inclusive, en mettant l'agenda de l'atténuation et de l'adaptation aux changements climatiques au centre des processus de planification et de fourniture des services urbains de demain.
Les défis des trois transitions : territoriale, écologique et numérique
Dans ce contexte de transformations profondes marquées par une expansion urbaine accrue et une croissance exponentielle fragilisant un environnement déjà considérablement affecté, les décideurs politiques doivent inscrire nos villes dans la nouvelle ère du XXIe siècle, celle des trois grandes transitions : territoriale, écologique, numérique. La transition territoriale, qui est en marche par l'entrée de la régionalisation avancée dans la phase opérationnelle, se caractérise par une évolution vers une organisation administrative de plus en plus décentralisée et déconcentrée, où le pouvoir, les compétences et les ressources sont corrélativement transférés vers l'échelon local le plus pertinent, que ce soit la région, la commune ou l'intercommunalité, et où les équilibres entre les mondes urbain ou rural sont à réinventer. Les décideurs politiques régionaux et locaux ont désormais la mission de créer les conditions favorables pour stimuler les investissements résilients, créateurs de richesses, renforcer l'attractivité et la compétitivité économique de leurs territoires face à d'autres territoires concurrents à l'échelle régionale, nationale, voire internationale, en plaçant la dimension climatique et du développement durable au cœur des outils de planification (schémas territoriaux d'aménagement du territoire, plans climat territoriaux, programmes de développement urbains, etc).
Les jalons de la transition écologique ont été bien posés par l'accord universel du climat de la COP21 à Paris, qui a consacré le rôle des gouvernements locaux en tant qu'acteurs majeurs responsables du déploiement des engagements nationaux et internationaux en matière d'atténuation et d'adaptation au changement climatique. Les deux sommets mondiaux des élus locaux et régionaux pour le climat, tenus respectivement en décembre 2015 à Paris et en novembre 2016 à Marrakech, ont réaffirmé la nécessité de mobiliser l'ensemble des acteurs pour l'élimination progressive des émissions de gaz à effet de serre, au travers d'actions d'adaptation à même de conforter la résilience et le développement durable des villes. Ils ont également insisté sur un changement de paradigmes de production et de consommation de l'énergie en vue d'assurer une transition urbaine énergétique pendant cette période de transformation vers une économie bas-carbone.
La transition numérique concerne l'ensemble de «l'écosystème» constitué autour de la ville : institutions politiques décentralisées, administrations publiques, banques et organismes financiers spécialisés, opérateurs économiques, organisations de la société civile, entreprises privées. Le succès de cette transition numérique commande de la part de ces différents acteurs urbains un effort d'adaptation dans un monde de plus en plus digitalisé, et une synergie collaborative permettant d'orienter les investissements d'avenir vers une croissance verte, durable et ouverte à l'innovation apportée par les plateformes d'information et de services numériques à forte valeur ajoutée.
La transition démographique et sociale, outre son caractère interactif avec ces trois transitions, est au cœur des grandes préoccupations des acteurs locaux, publics et privés, soucieux des défis d'une urbanisation responsable et innovante : mobilité multimodale et intégrée, motorisations alternatives, gestion intelligente des parkings, production d'habitats intelligents et durables, réduction progressive de l'empreinte carbone, gestion intelligente de l'eau, de l'énergie et des déchets, rénovation thermique du bâtiment, etc. Autant de nouveaux enjeux urbains porteurs d'immenses opportunités qui militent en faveur d'une ingénierie de la ville renouvelée et d'autres paradigmes en matière de conception et de transformation de la vie en ville, impulsés par l'innovation, en vue de faire plus, mieux et moins cher, avec des solutions globales et cohérentes pour accompagner ces transitions, en intégrant les technologies sobres en carbone en amont du processus de planification spatiale et temporelle des infrastructures à longue durée de vie.
Des approches intégrées, type «Air-climat-énergie», qu'exige le dérèglement climatique sont à privilégier et doivent nourrir l'élaboration et la mise en œuvre des stratégies urbaines de développement bas-carbone sur le long terme offrant des possibilités de récolter à terme des dividendes dans les domaines de l'économie, de la qualité de l'air et de la santé, en poursuivant des modes de développement plus compacts, plus économes en énergie, et plus résilients face aux changements climatiques.
«Ville intelligente» ou «ville des intelligences» : humaine et résiliente
Shakespeare disait : «L'intelligence d'une ville réside d'abord dans celle de ses habitants» : citation qui garde, aujourd'hui encore, tout son sens. La démarche de «Smart city» peut être définie comme «un mouvement de transformation des villes cherchant notamment à améliorer leur attractivité et leur compétitivité, utiliser les nouvelles technologies de l'information et de la communication pour être plus intelligentes et plus efficientes dans l'utilisation des ressources et le développement de services numériques innovants au bénéfice de tous, sans exclure les populations défavorisées». Ce qui se traduit par des économies d'argent et d'énergie, une amélioration des services et de la qualité de vie, ainsi que par une réduction de la fracture sociale et de l'incidence environnementale, en même temps que ceci encourage l'innovation et une économie peu consommatrice de carbone. Ce concept, à l'origine inventé par les acteurs privés du monde de l'informatique, n'a de sens aujourd'hui que s'il intègre la dimension humaniste, la citoyenneté, l'intelligence collective, la résilience face aux grands défis environnementaux et que si ces registres sont pris en compte dans les logiques d'intervention des gestionnaires, concepteurs, opérateurs et financeurs de la Smart city.
La Smart city doit recueillir, transmettre et traiter en temps réel un grand nombre de données récupérées sur les infrastructures, les équipements et les consommateurs de ces services. Saisie par la révolution numérique, faite de capteurs, de sondes et d'objets connectés, la ville intelligente doit avant tout servir à optimiser le fonctionnement, la qualité et l'adaptabilité de ces équipements et services aux attentes des citoyens (déchets, énergie, mobilité, stationnement, distribution d'eau et assainissement, etc.). Des solutions technologiques basées sur de petits objets connectés pour faciliter le tri du carton, de l'aluminium, du plastique ou encore du verre ont déjà fait leurs preuves dans la gestion intelligente des déchets, notamment en Allemagne, en Espagne et en France. Ces capteurs permettant de connecter les points de collecte sont capables de mesurer grâce à des ultrasons le niveau de remplissage de la benne. Les big data sont récupérées et analysées en temps réel par une application web permettant de calculer et d'optimiser les déplacements des camions de ramassage des déchets qui ne passent ainsi que lorsque la benne est pleine.
Grâce à ce système de bennes à ordures intelligentes, les villes réalisent des économies en faisant baisser de 15 à 30% le coût de la collecte et le temps perdu par les camions poubelles de 30% à 60%. Des applications mobiles permettent aux habitants de donner leur avis sur le service proposé et d'alerter la municipalité en cas de problème. L'efficacité énergétique de l'éclairage intelligent offre d'importantes économies d'énergie aux villes. Des solutions «Smart lighting», qui consistent en des luminaires intelligents dont la luminosité est régulée en fonction de la circulation des personnes et des véhicules, permettent une réduction substantielle de la consommation d'électricité de certaines villes allant jusqu'à 65%, ou encore des lampadaires connectés qui font baisser la facture énergétique de plus de 80%. Plusieurs villes d'Europe ont mis en place des solutions intelligentes de parkings connectés avec l'installation de capteurs sur des places de stationnement en centre-ville.
À titre d'exemple, à Nice, ce dispositif a permis de réduire le trafic lié à la recherche de place d'environ 25% grâce au guidage vers les emplacements libres via une application dédiée, et au contrôle automatisé du respect des règles de stationnement gratuit et payant (durée et paiement) avec un signal envoyé automatiquement au service de la Police municipale qui peut procéder à la verbalisation d'un véhicule contrevenant. En matière de distribution d'eau potable, la Smart water assure une gestion optimisée de la distribution grâce à un poste de pilotage à distance connecté aux capteurs disséminés sur les sites d'eau et d'assainissement, ce qui permet une amélioration significative du rendement des réseaux, grâce notamment à des alarmes de fuite qui déclenchent très rapidement des actions à distance pour la performance des installations, réduisant significativement le nombre d'interventions sur le terrain. D'autres solutions smart permettent d'informer et de guider le citoyen par des bornes interactives, par exemple pour visualiser sa position en quelques clics sur l'écran tactile, calculer son itinéraire à pied ou en transport collectif, ou encore pour réaliser des sondages et ainsi connaître l'avis des citoyens sur la qualité des services fournis, le tout grâce aux données mises en open data par la ville.
Gouvernance de la Smart city
Si l'innovation est au cœur de la ville intelligente, il n'en demeure pas moins que la technologie doit être conçue surtout comme un accélérateur porteur d'interactivité et de connectivité : elle est bénéfique si et seulement si elle intègre les habitants dans le processus de co-construction de la «ville des intelligences», et inclut la dimension de la soutenabilité environnementale des solutions urbaines pour réduire la taille de l'emprunte écologique. La «Smart city» doit placer l'humain et l'inclusion sociale au cœur de l'innovation urbaine et permettre d'instaurer de nouveaux rapports avec les usagers, avec des services davantage interactifs, et d'inventer de nouveaux métiers au sein des collectivités territoriales pour optimiser au mieux l'utilisation de la technologie et l'innovation.
En effet, si les technologies sont déjà matures, l'enjeu est considérable pour les villes : construire une ville numérique maîtrisée nécessite que les citoyens qui habitent cette ville maîtrisent le numérique et exige un changement culturel majeur. Pour faire face à cette nouvelle vague technologique, les villes doivent se doter de gestionnaires de projets Smart city, capables de dialoguer avec les prestataires de nouvelles technologies, comprendre et faire les bons choix technologiques, et de s'armer face aux multiples solutions disponibles sur le marché. Le recours à des structures de gouvernance innovantes, en l'occurrence les sociétés de développement local «intelligentes» spécialisées, capables de mobiliser de nouveaux talents Smart city, et à l'expertise externe spécialisée, notamment en internet des objets, serait très utile, voire incontournable, non seulement pour optimiser les options techniques, mais également pour prendre en compte les problématiques du coût, de la qualité du service, des frais de maintenance et de renouvellement des équipements qui évoluent en permanence.
Mohamed Benahmed
Ingénieur d'Etat génie civil


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