Dans certaines villes, l'activité touristique avance à deux vitesses, notamment en fonction des pays de provenance des touristes. Pour le cas de la ville d'Agadir, deux marchés se démarquent depuis un moment déjà, le russe et le polonais. Les deux clientèle, qui ont en quelques sortes constitué une alternative notamment au marché français et allemand marquent, en effet, «deux évolutions divergentes». Il en est ainsi car alors que la clientèle polonaise affiche une nette progression depuis l'année 2009, les flux touristiques russes, eux, sont en berne. Sur les neuf premiers mois de l'année 2011, le nombre de Russes ayant séjourné à Agadir a chuté de plus de la moitié (-55%) et la portion du marché a diminué de 7,25 % à 3,68% (arrivées et nuitées) en perdant 4 places, pour se situer au 11e rang du classement des marchés émetteurs. À l'encontre de certains arguments avancés, cette baisse vertigineuse est intervenue avant même l'attentat de Marrakech et la blessure du fils du député russe Guennadi Seleznev. La destination d'Agadir a vu la fréquentation des Russes augmenter en 2010 après une hausse de 112,85% des arrivées (24.735 ressortissants) et l'affluence de 13.114 touristes de plus par rapport à l'année 2009. Depuis, le marché russe n'arrive pas à se relancer. Selon plusieurs intervenants, même si la clientèle russe a été de retour sur les autres destinations (Turquie, Espagne et France), le Maroc et Agadir en particulier, n'ont pas tiré profit de cette affluence, puisque le printemps arabe a conduit cette clientèle à reporter ses séjours au Maroc, d'où la difficulté de programmer la destination dans le calendrier des TO. Il y a la spécificité de la langue qui pose également problème, du fait que les ressortissants russes ne parlent ou ne lisent pas forcément l'anglais. Cette situation a conduit à un début d'apprentissage de cette langue des différents intervenants dans la sphère touristique, notamment les hôteliers et les restaurateurs. Il y a lieu de noter que ce volet a déjà a été pris en charge par les acteurs touristiques de la destination. Toutefois, une vraie stratégie de communication s'impose, puisque la concurrence est acharnée de la part des destinations avoisinantes, notamment la Turquie, l'Espagne et la France, en plus de la contrainte de l'escale. Le fait d'envisager des vols directs sans passer par la capitale économique est devenu une nécessité. En effet, le Maroc et la Russie sont reliés directement par plusieurs vols dont la liaison directe entre Casablanca et Moscou d'une fréquence de trois vols par semaine (mardi, vendredi et dimanche) et avec des correspondances de/vers la ville d'Agadir. D'autres compagnies opèrent également sur cette route aérienne. Il s'agit notamment de Tataristan Airlines, qui assure un vol chaque 10 jours au cours de la basse saison et 2 rotations par semaine en haute saison. A contrario, le marché polonais est celui qui a maintenu le plus sa courbe d'augmentation. Ces flux ont progressé de 24.739 touristes en 2009 à 27.664 en 2011, en hausse de 29,24 % et les prévisions pour 2012 frôlent 50%.Sa part du marché est passée de 6,77% à 8,57%. À l'occasion de la tenue du Salon touristique TT Varsovie en septembre dernier, l'ONMT a signé 9 nouveaux contrats avec des TO polonais pour drainer plus de 56.000 touristes à l'horizon 2012. La seule contrainte qui se pose actuellement pour ce marché est la connectivité aérienne. La RAM a pris en effet la décision d'annuler son vol Varsovie-Casablanca-Agadir. Selon le département commercial de la compagnie, le contrat programme signé entre l'Etat et Royal Air Maroc le 21 septembre 2011 prévoit plusieurs volets, parmi lesquels la restructuration de la compagnie, à travers le déploiement d'un programme de rationalisation interne, qui comporte plusieurs mesures. La restructuration du réseau fait partie de ce volet. Dans ce sens, la compagnie, en concertation avec les autorités touristiques nationales, est en train d'étudier la possibilité de mise en place de lignes charters entre la Pologne et Agadir. Le contrat-programme a pour objet de permettre à RAM de s'adapter dans le cadre d'une nouvelle approche économique à son environnement concurrentiel, qui lui impose de nouvelles exigences de compétitivité, surtout de la part des compagnies low cost qui opèrent sur la même ligne. Le contrat prévoit également des mécanismes pour éviter que l'exercice des missions de RAM soit affecté en termes d'équilibre économique. Soulignons par ailleurs que la liaison entre Agadir et la Pologne était assurée par trois vols RAM (un vol charter de Travel Service et 2 correspondances Agadir-Casa-Varsovie d'une fréquence de 2 fois par semaine) en plus du charter de Small Planet opéré par Mar Handling, en provenance de Varsovie et de Katowice.