C'est officiel. Les boulangers et les pâtissiers auront leur contrat-programme. Sa signature étant prévu, en principe, pour ce jeudi, ce contrat-programme devrait engager à la fois le groupement des professionnels et les ministères de l'Emploi, de l'Agriculture du Commerce et de l'industrie et des Affaires économiques et générales. Il s'agit ainsi d'un cadre contractuel sanctionnant un long processus de négociation déclenché en 2007 déjà , suite à la hausse notamment des prix du blé. «Ce contrat, qui vise à développer le secteur, vise aussi à maintenir le prix actuel du pain sur le marché à 1,20DH», souligne Houssine Azaz, président de la Fédération nationale de la boulangerie et de la pâtisserie. À ce niveau, il faut rappeler que la profession appelait depuis quelque temps déjà à une augmentation de 0,20 DH du prix. Cette augmentation serait justifiée, selon ces professionnels, par la hausse des intrants ainsi que par le coût de production (électricité, gasoil et masse salariale). Ainsi, et dans le but de stabiliser le prix de la farine (actuellement à 350 DH le quintal), l'Etat versera aux stockeurs ou aux minotiers, ou aux revendeurs une subvention équivalente à 10 millions de quintaux, soit près de 2 milliards de DH. Toutefois, le problème à ce niveau réside dans le détournement de la farine subventionnée. Aussi, pour remédier à cela, c'est l'Etat, via son entreprise «SNTL», qui se charge désormais du transport de cette farine. Ce n'est pas tout, puisque les pâtissiers et boulangers devraient profiter également d'un «tarif préférentiel pour l'électricité», ce qui devrait réduire leurs coûts de production. À cela, s'ajoute l'éligibilité des professionnels au plans Imtiaz et Moussanada. En contrepartie de ces avantages, les professionnels s'engagent à respecter un nouveau cahier des charges imposant le respect des normes de qualité et de sécurité. Bien évidemment, le volet social est présent dans les clauses du contrat-programme. En effet, ce dernier stipule que les pâtissiers et boulangers doivent respecter et appliquer la législation du travail, notamment en matière de déclaration à la sécurité sociale et de souscription de la couverture médicale aux profits de leurs salariés. Le contrat prévoit aussi la réalisation d'un benchmarking avec d'autres pays, notamment la Tunisie, pour instaurer un chaînage légal. Par ailleurs, le contrat- programme, qui n'a pas omis le volet formation, prévoit la création d'une école de panification et de pâtisserie à Casablanca. Celle-ci sera subventionnée par l'Etat et ouvrira ses portes en septembre 2012. Les équipements seront fournis par France expo Céréaliers, alors que le foncier a été fourni par la Fédération. Pour rappel, le secteur souffre entre autres maux de l'informel, de la hausse des prix des intrants, et du manque de main d'oeuvre et de gestionnaires qualifiés. Il se compose de près de 8.000 boulangeries et pâtisseries formelles et de près de 10.000 structures informelles. «Pour ne pas sanctionner ces entreprises, le contrat-programme prévoit leur intégration dans le secteur formel», note Azaz. Cela étant, sous l'effet de la concurrence des grandes surfaces, plus organisées en termes de marketing et de distribution, le secteur a tendance ces dernières années à se moderniser (process de fabrication moderne et performant, informatisation du système de commandes...). Aujourd'hui, certaines structures ont même développé une stratégie à l'export. Avec ce contrat-programme, le secteur de la boulangerie et de la pâtisserie qui est appelé à se développer, devrait tirer également vers le haut le business des fournisseurs de matériel (fours, pasteurisateurs, façonneuses diviseuses, chambres froides, etc).