Le Musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain de Rabat a levé le voile sur sa prochaine exposition ce mardi 22 novembre et propose de s'interroger sur l'intégration et l'apport des artistes femmes du Maroc dans l'histoire de l'art avec une rétrospective intitulée : «Femmes, artistes marocaines de la modernité, 1960-2016». Quand le musée donne carte blanche à l'art féminin de 1960 à nos jours de Chaïbia Talal à Mounat Charrat en passant par Amina Benbouchta, Mariam Abouzid Souali ou encore Lalla Essaydi, c'est à la fois déstabilisant et d'une évidence sans nom. À travers un parcours thématique, la plasticienne, théoricienne de l'art, docteur en Arts plastiques et Sciences de l'art et professeure universitaire en Histoire des arts et des idées/Arts plastiques et Sciences de l'art à l'Université Mohammed V Agdal de Rabat, Rim Laâbi s'est vu confier le commissariat de cette exposition inédite puisqu'il ne s'agit pas simplement d'une série d'œuvres assemblées les unes à côté de l'autre, mais il s'agit surtout d'un débat ouvert sur la place de la femme dans l'art. «Je suis très émue aujourd'hui, je l'ai été à l'invitation de commissarier cette exposition. Être dans ce musée implique énormément de choses pour moi. Cette institution muséale est sans doute productrice de sens. À travers cette exposition, j'ai essayé de poser le sens sans l'imposer histoire d'élargir la perception et d'ouvrir le regard au seuil de son énigme», explique la commissaire d'exposition, Rim Laâbi, qui a conçu, mis en place et produit les textes accompagnant l'exposition, en choisissant de façon minutieuse et totalement libre, ces œuvres, sélectionnées parmi des centaines ! Tel un chantier ouvert, l'exposition traverse le temps et les genres en s'arrêtant sur des thématiques, telle que «Quand la main pense» en référence à l'art intuitif, naïf notamment de femmes qui ont marqué, comme Chaïbia ou encore à travers «La lumière intérieure» et ses réflexions de femmes, ces mouvements de l'âmes presque cosmiques qui évoquent une intimité lumineuse. La question du corps est bien entendu évoquée avec «Ce que peut le corps» ou ce grand questionnement de la femme objet, de la maternité avant de s'interroger sur «La part du songe» et de ces rêves éveillés, cette part du subconscient, voire de l'inconscient qui peut révéler ce qu'on arrive plus à voir, à cerner. L'exposition se termine sur un volet contestataire, une ouverture au débat et à la réflexion, avec «En avant toutes» pour mettre en lumière la contestataire, une dénonciation du statut de la femme. Une exposition inédite et imprégnée de talents, de beaux parcours et de femmes d'exception, où il n'est absolument pas important de répondre à la question de la place de la femme dans l'art puisque la preuve est là, à découvrir dès le mercredi 23 novembre.