«Le ministère de l'Agriculture, à travers la Société royale d'encouragement du cheval, a initié une réflexion autour du développement et la pérennisation de la filière équine», a annoncé Aziz Akhannouch, samedi dernier, en marge de la 4e édition du Salon du cheval à El Jadida. Cette approche, première du genre, doit déboucher sur une stratégie nationale afin de valoriser durablement le rôle participatif du cheval dans l'économie nationale. En raison de la mécanisation et de la raréfaction de ses usages au Maroc, le cheval voit sa population décliner au fil des décennies. Et si cette tendance continue, le cheptel équin marocain, évalué aujourd'hui à quelque 160.000 chevaux, déclinera de 15.000 têtes d'ici 2020. Les résultats d'une étude permettent d'initier un plan de travail global visant la revalorisation du rôle du cheval au Maroc, selon le ministre de l'Agriculture. Le plan décennal, intitulé stratégie nationale pour la filière équine, ambitionne de doubler la contribution de la filière cheval au PIB national d'ici 2020. L'objectif est d'augmenter sa contribution au PIB national de 4,7 milliards DH en 2009 à 7 milliards DH en 2020. La stratégie prévoit également d'augmenter le nombre d'emplois directs et indirects générés par la filière équine de 6.500 aujourd'hui à plus de 9.000 en 2020. La contribution de la filière aux recettes fiscales de l'Etat au titre de la TVA devrait, pour sa part, passer de 700 millions de dirhams (en 2009) à quelque 1,1 milliard de DH. En attendant, plusieurs actions programmées dans le cadre de la nouvelle stratégie sont déjà en cours d'application, précise le ministre. Identité marocaine Les acteurs institutionnels et socio-professionnels de la filière se sont concertés afin de créer une plateforme d'action commune à cette stratégie. Le diagnostic montre que comparativement à des pays comme la France, la Grande-Bretagne, la Turquie ou l'Argentine, le Maroc tarde toujours à faire éclore son secteur équin pour en faire un levier de développement socio-économique. Pourtant, dans notre pays, le cheval occupe depuis toujours une place centrale en tant qu'élément à part entière de l'identité culturelle et du patrimoine marocain, fait remarquer le ministre. En effet, au Maroc, le cheval jouit depuis des temps reculés d'une place privilégiée dans l'imaginaire collectif. Les résultats d'une enquête réalisée en 2010 par le bureau LMS-CSA, auprès d'un échantillon représentatif de plusieurs centaines de Marocains sont à ce propos éloquents. La grande majorité des personnes sondées, 91%, estime en effet que le cheval constitue un élément clé de la culture et de l'identité marocaine et 68% pensent que le cheval demeure un élément important dans un milieu rural marocain, pourtant de plus en plus mécanisé. En conclusion, 94% des sondés se déclarent favorables à ce que l'Etat soutienne la filière équine et 88% d'entre eux affirment souhaiter être, un jour, propriétaires d'un cheval. La stratégie se fixe aussi comme objectif de renforcer l'attrait du cheval à travers la création et le renforcement d'activités à fort potentiel de croissance, telles que les courses hippiques et d'endurance. Cet objectif nécessite une redéfinition totale du rôle du cheval au Maroc, diminué face à une mécanisation galopante qui menace à moyen terme les usages traditionnels, notamment dans le transport et l'agriculture. La seule issue est de baliser la voie de la reconversion du cheval de son rôle traditionnel vers les sports et loisirs équestres, le tourisme, les arts, l'équithérapie. Les courses hippiques sont le moteur de la filière équine, affirme Omar Skalli, DG de la SOREC. En clair, il s'agit de financer le développement du secteur à travers les courses hippiques. Actuellement, 1.800 courses de chevaux sont organisées au Maroc. L'objectif est de multiplier ce nombre par deux à l'horizon 2020 et développer et de moderniser les hippodromes au Maroc.