Le roi Mohammed VI entame aujourd'hui son périple en Afrique de l'Est. Zoom sur les principaux enjeux de l'ouverture du Maroc sur cette partie du continent réputée pour son dynamisme économique. Après l'Afrique de l'Ouest et du Centre, le Maroc s'apprête à ouvrir un nouveau front sur le continent. Le royaume met en effet le cap sur l'Afrique orientale anglophone. Une tournée royale historique est programmée dans quelques pays de cette partie du continent. Le roi Mohammed VI entame aujourd'hui son périple, en commençant par le Rwanda, dans le cadre d'une visite de trois jours, pour se rendre après en Tanzanie et éventuellement en Ethiopie. «Dans ce contexte de retour du Maroc au sein de l'Union africaine, il y a certes un enjeu politique, mais le principal objectif du royaume serait de sortir du pré-carré franco-français, afin d'aller vers d'autres espaces économiques», commente Alioune Gueye, PDG d'Afrique Challenge (voir interview ci-contre). Accords bilatéraux À l'instar des différents voyages du souverain, ces visites seront certainement l'occasion de baliser et d'orienter le cadre de coopération entre le Maroc et ses nouveaux partenaires. Ainsi, une série d'accords bilatéraux multisectoriels pourraient être signés, notamment dans le domaine des investissements. Les entreprises marocaines, qui peinent encore à percer profondément ces marchés, auront enfin l'occasion de s'y positionner. Le secteur bancaire, les assurances, l'agro-alimentaire, ainsi que l'immobilier et l'industrie pharmaceutique n'attendent que le terrain soit préparé sur le plan politique pour se mettre en branle dans ces marchés réputés dynamiques. À ce jour, en dehors du groupe Saham et de BMCE Bank of Africa, rares sont les grands groupes marocains qui ont osé l'Afrique orientale anglophone. La barrière linguistique et le frein politique expliquent certes leur frilosité à l'égard de cette partie du continent, mais, la percée marocaine en Afrique subsaharienne ne datant que d'une décennie, il était logique que le secteur privé du royaume marque d'abord son territoire en Afrique de l'Ouest voisine, avant de se déployer ailleurs. Aujourd'hui, ce moment tant attendu semble arriver. Joker agricole Cependant, et contrairement à l'Afrique occidentale francophone, les pays anglophones du continent disposent d'un tissu économique plus structuré et plus mature. La marge de manœuvre des entreprises marocaines n'y sera certainement pas aussi large. Y gagner des marchés d'envergure requiert également plus de persévérance qu'ailleurs. Malgré tout, le Maroc ne manque pas d'atouts dans cette région, surtout dans le secteur agricole. Dans le cadre de son expansion au Sud du Sahara, OCP prévoit d'implanter deux filiales en Ethiopie et en Tanzanie. Au regard de l'importance de l'agriculture dans les économies de ces pays, l'avenir s'y annonce fertile, au moins pour le géant marocain des phosphates. Abdellatif Jouahri Gouverneur de Bank Al-Maghrib Les banques marocaines sont déjà présentes en Afrique de l'Est. Nous les encourageons à poursuivre les implantations dans cette région. Ayman Cheikh Lahlou DG de Cooper Pharma et président de l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP) Cooper Pharma réalise actuellement une unité de fabrication de médicaments au Rwanda. Celle-ci est destinée à toute la région est-africaine. Le Rwanda est un pays qui mérite d'être visité par les investisseurs marocains. Afrique de l'Est : Moteur de la croissance africaine L'Afrique orientale compte en tout 13 pays, dont 6 (Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan du Sud et Tanzanie) sont regroupés au sein de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC). Cet espace économique qui compte plus de 135,4 millions d'habitants est l'une des régions d'Afrique les plus dynamiques sur le plan économique. Ses pays membres disposent d'un potentiel agricole important. Selon la Banque africaine de développement (BAD), «la croissance [y] a été constamment plus forte que dans les autres régions, en dépit de quelques chocs propres à cette partie du continent, notamment des problèmes d'insécurité et des variations périodiques des conditions météorologiques». La croissance moyenne en Afrique de l'Est en 2015 est estimée à 6,3%, malgré une légère baisse par rapport aux 6,5% enregistrés en 2014.